13 juillet 2006

MAROC - Meurtre d’un syndicaliste

Une nouvelle fois, l’État marocain assassine. Le 29 juin, une manifestation syndicale des ouvriers et employés communaux a été sauvagement réprimée à Rabat. Des dizaines de personnes ont été hospitalisées et arrêtées. C’est au cours de la première charge que Mustapha Laaraaj, secrétaire général du syndicat local de Tifelt de l’Union marocaine des travailleurs (UMT) a été battu à mort par des agents de la « police de proximité » (équivalent de la BAC et responsable de nombreuses bavures ces derniers mois).

Laaraaj, comme des dizaines de ses collègues, était suspendu de ses fonctions professionnelles pour son activité militante. La manifestation nationale organisée à Rabat visait à dénoncer la répression syndicale, mais aussi le non-respect des accords signés avec les autorités lors de négociations antérieures portant sur la question de la titularisation des diplômés chômeurs (embauchés mais sans statut), la revalorisation salariale, le calcul de l’ancienneté et le projet, plus global, d’externalisation d’activités publiques au profit du privé.
On ne peut comprendre cette violence sans rappeler, pour autant, le contexte général : d’un côté, la dégradation des conditions de vie et de travail des masses populaires et, de l’autre, la montée d’une pression syndicale de la base et de nouvelles expériences de luttes, souvent impulsées par des coordinations unitaires locales beaucoup plus autonomes et combatives que les appareils. Ces derniers mois, de nombreuses luttes ont témoigné de la profondeur de la crise sociale, mais aussi d’une volonté de résistance active de plus en plus large. Casser ce processus de remobilisation est l’un des objectifs de la violence de l’État.
À la veille d’une année d’élections législatives rendues encore plus antidémocratiques par la réforme du code électoral, il s’agit de neutraliser le débat politique, de tout faire pour que la question sociale ne s’y invite pas ! Pour le moment, sur l’initiative de la gauche radicale et démocratique, s’est constitué un réseau national de lutte contre la répression étatique sous toutes ses formes, dont le premier sit-in devant le Parlement a été dispersé... par les forces de l’ordre. Du côté syndical, les ouvriers et employés communaux s’orientent vers des journées de grève nationales et des temps forts centraux. Le 12 juillet sera une journée d’action globale à la mémoire du syndicaliste assassiné et contre la criminalisation des résistances sociales. La solidarité la plus large doit être mise en œuvre pour dénoncer la dictature et empêcher l’escalade de la répression.
Chawqui Lotfi

2006-07-13