Le 25 mai, censée être la « Journée mondiale de l’Afrique », a été éclipsé par les émeutes de la faim. En favorisant la spéculation sur les produits alimentaires, le capitalisme international est directement responsable de l’augmentation de la malnutrition et de la famine. A l’échelle planétaire, ce sont 854 millions d’êtres humains qui souffrent de la faim. L’année dernière 6 millions d’enfants sont morts faute d’une nutrition suffisante. La crise alimentaire risque d’ajouter 100 millions à ces effroyables statistiques. En Afrique, un tiers de la population est victime de malnutrition et le nombre d’enfants en insuffisance pondérale a augmenté de 12% ces cinq dernières années.
La crise actuelle touche encore plus durement le continent. En effet, les outils de l’impérialisme que sont le FMI, l’OMC et autre Banque Mondiale ont éradiqué les cultures vivrières, en interdisant leur subvention, pour obliger les paysans à produire ce qui intéressait les marchés occidentaux (cacao, arachide, café, coton etc.), et les pays à acheter aux pays riches les produits alimentaires de base. Aujourd’hui, la courbe des produits africains exportés est en baisse continue, tandis que celle des denrées importées, tels le blé, le riz, le maïs, ou la viande est en hausse, plongeant les populations africaines dans la misère. Responsables de cette crise sans précédent, les dirigeants des pays riches continuent dans cette voie, comme l’a montré le sommet de la FAO à Rome du 3 au 5 juin. En effet, ce qui en ressort, c’est leur volonté de ne rien faire, confirmant que seules les richesses de l’Afrique les intéressent. Et pour eux, la population n’en fait pas partie.
Pourtant des solutions existent. En premier lieu, la lutte contre la lutte contre la spéculation qui passe par l’interdiction de l’utilisation des biocarburants sur la planète. La courbe des prix du mais est parallèle à celle du pétrole. Le retrait des produits alimentaires sur les places boursières notamment celle du CBOT (Chicago Board Of Trade), remplacé par un contrôle publique des ventes et des achats de ces denrées. En second lieu favoriser la souveraineté alimentaire des pays et des peuples autour du développement des cultures vivrières, sous le contrôle des producteurs eux-mêmes, afin d’éviter que les semenciers de type Monsanto, Dow Chemicals ou Mosaic en profitent pour inonder le continent d’OGM, de pesticides et d’engrais chimiques sous prétexte de révolution verte.
De telles mesures tournent radicalement le dos aux exigences du capitalisme international. Le jour où ces mesures seront adoptées, alors ce jour pourra être décemment fêté comme la journée de l’Afrique.
Paul Martial