23 avril 2002

Bouteflika sommé de reculer

Depuis le 18 avril, une insurrection sans armes de la jeunesse secoue la Kabylie. Le pouvoir algérien répond par la répression. Bilan: une centaine de morts et des milliers de blessés.
La contestation s'étend: d'est en ouest, logements, eau, travail et justice sont exigés.
Le 14 juin, un million de berbères assiégeaient la capitale, obtenant le remplacement de la majorité des gendarmes en Kabylie reconnus responsables des émeutes par l'enquête officielle, une double session du bac pour tous le pays et des enveloppes budgétaires exceptionnelles pour toutes les régions déshéritées, dont la Kabylie.
La révolte de ces jeunes pose les jalons d'une autre politique que celle des libéraux nationaux et des pilleurs occidentaux. La plate-forme d'El Kseur adoptée au début des événements constitue la référence unitaire et revendique travail, logements, éducation et santé de qualité, respect des libertés démocratiques et reconnaissance de la langue berbère.
L'expérience du contrôle populaire initiée par les militants d'extrême gauche dont le PST prend de l'ampleur, au point qu'elle effraie aussi bien le pouvoir que les partis bourgeois modérés et islamistes à l'origine de la scission dans le comité populaire de la wilaya de Béjaïa.
La récente reconnaissance par le pouvoir de la légitimité des revendications contenues dans la plate forme d'El Kseur, et sa proposition de la déposer auprès du gouvernement, s'expliquent d'abord par la détermination d'un mouvement qui entend aller jusqu'au bout de ses revendications; mais aussi par le nouveau contexte qui désigne l'islamisme comme premier danger pour la planète alors qu'en Algérie, le régime a donné carte blanche aux islamistes depuis septembre 1999 par l'amnistie totale de tous les terroristes. En dépit de cela, les massacres n'ont pas cessé.
Ryad Khaldi