Annoncée officiellement mardi 26 avril, la « victoire » à la présidentielle de Faure Gnassingbé, fils d’Eyadema, l’ancien dictateur, grand ami de Chirac, a déclenché une furieuse révolte populaire au Togo.
De violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du Togo, faisant plusieurs dizaines de victimes et des centaines de blessés, suite à l’annonce officielle de la « victoire » de Faure Gnassingbé à la présidentielle, mardi 26 avril. L’armée, qui avait porté au pouvoir le fils de l’ancien général dictateur à la mort de ce dernier en février, n’a pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), plusieurs milliers de personnes (jusqu’à 6 000) ont déjà fui au Bénin et au Ghana.
Faure Gnassingbé a été déclaré vainqueur de la présidentielle par la commission électorale, avec 60,22 % des suffrages, devant Emmanuel Akitani Bob (38,19 %). La plupart des observations des délégations internationales sur place font état de nombreuses « anomalies » dans le scrutin. Déjà bien avant l’annonce des résultats officiels, de nombreux témoignages rendaient compte du déroulement catastrophique et des nombreuses manipulations du processus électoral1 (voir Rouge du 28 avril). Pourtant, la communauté internationale se distingue par son attitude particulièrement discrète et mesurée.
Jusqu’à présent, la plupart des réactions politiques à la situation au Togo se résument à de molles exhortations au respect des règles institutionnelles ou au retour au calme. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a joué le rôle de médiateur dans la crise de succession togolaise. Or, après avoir laissé organiser le scrutin dans les conditions que l’on sait, le communiqué conjoint de ses observateurs s’est prononcé sans ambages sur ce tour de scrutin : « Les anomalies et insuffisances ainsi que les incidents évoqués ne sont pas de nature à remettre en cause la bonne tenue et la crédibilité du scrutin présidentiel du 24 avril 2005. » Pour certains observateurs de la politique africaine, les récentes prises de position de la Cedeao auraient à voir avec les menées officieuses de la diplomatie française. Accusée par l’opposition de cautionner la victoire de Faure Gnassingbé, l’ancienne puissance coloniale a affirmé ne pas vouloir s’ingérer dans les affaires du Togo. Déclaration pour le moins surprenante quand on connaît la vieille tradition africaine de la France et l’ensemble des intérêts politiques, économiques et stratégiques qui sont en jeu pour elle au Togo. Selon François Xavier Verschave, président de Survie, il y a aussi le fait que le Togo, sous Eyadéma, était une plaque tournante de toutes sortes de trafics mafieux en Afrique de l’Ouest. Enfin, il y a une dimension géopolitique régionale, la bataille que mène la France contre le délitement de son pré carré, qui signifierait la baisse de son influence en Afrique et dans le monde.
Son intervention dans le processus électoral se serait faite par plusieurs biais. D’une part, sous la forme d’un soutien logistique de conseillers en communication, en organisation électorale, auquel il faut rajouter toute l’aide apportée à l’instruction et l’entraînement des forces de l’ordre par exemple. D’autre part, par des pressions multiples sur les pays de la Cedeao pour faire en sorte qu’elle ferme les yeux sur l’absence totale de contrôle des listes électorales et du dépouillement des urnes.
Un calme précaire semblait être revenu en début de semaine sur le Togo. Pourtant, l’opposition refuse toujours tout compromis autour d’un gouvernement d’« union nationale ». En France, près d’un millier de Togolais ont manifesté lors du défilé du 1er Mai contre les malversations électorales et les collusions françafricaines. Un appel à manifester tous les jours à 18 heures devant l’ambassade du Togo à Paris a été lancé.
Danièle Obono
• Comité de soutien au peuple togolais, tél. : 06 18 42 31 71, site :.
1.Sources : association Survie. Voir sur son site.
2005-05-05
De violentes manifestations ont éclaté dans plusieurs villes du Togo, faisant plusieurs dizaines de victimes et des centaines de blessés, suite à l’annonce officielle de la « victoire » de Faure Gnassingbé à la présidentielle, mardi 26 avril. L’armée, qui avait porté au pouvoir le fils de l’ancien général dictateur à la mort de ce dernier en février, n’a pas hésité à tirer à balles réelles sur les manifestants. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), plusieurs milliers de personnes (jusqu’à 6 000) ont déjà fui au Bénin et au Ghana.
Faure Gnassingbé a été déclaré vainqueur de la présidentielle par la commission électorale, avec 60,22 % des suffrages, devant Emmanuel Akitani Bob (38,19 %). La plupart des observations des délégations internationales sur place font état de nombreuses « anomalies » dans le scrutin. Déjà bien avant l’annonce des résultats officiels, de nombreux témoignages rendaient compte du déroulement catastrophique et des nombreuses manipulations du processus électoral1 (voir Rouge du 28 avril). Pourtant, la communauté internationale se distingue par son attitude particulièrement discrète et mesurée.
Jusqu’à présent, la plupart des réactions politiques à la situation au Togo se résument à de molles exhortations au respect des règles institutionnelles ou au retour au calme. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a joué le rôle de médiateur dans la crise de succession togolaise. Or, après avoir laissé organiser le scrutin dans les conditions que l’on sait, le communiqué conjoint de ses observateurs s’est prononcé sans ambages sur ce tour de scrutin : « Les anomalies et insuffisances ainsi que les incidents évoqués ne sont pas de nature à remettre en cause la bonne tenue et la crédibilité du scrutin présidentiel du 24 avril 2005. » Pour certains observateurs de la politique africaine, les récentes prises de position de la Cedeao auraient à voir avec les menées officieuses de la diplomatie française. Accusée par l’opposition de cautionner la victoire de Faure Gnassingbé, l’ancienne puissance coloniale a affirmé ne pas vouloir s’ingérer dans les affaires du Togo. Déclaration pour le moins surprenante quand on connaît la vieille tradition africaine de la France et l’ensemble des intérêts politiques, économiques et stratégiques qui sont en jeu pour elle au Togo. Selon François Xavier Verschave, président de Survie, il y a aussi le fait que le Togo, sous Eyadéma, était une plaque tournante de toutes sortes de trafics mafieux en Afrique de l’Ouest. Enfin, il y a une dimension géopolitique régionale, la bataille que mène la France contre le délitement de son pré carré, qui signifierait la baisse de son influence en Afrique et dans le monde.
Son intervention dans le processus électoral se serait faite par plusieurs biais. D’une part, sous la forme d’un soutien logistique de conseillers en communication, en organisation électorale, auquel il faut rajouter toute l’aide apportée à l’instruction et l’entraînement des forces de l’ordre par exemple. D’autre part, par des pressions multiples sur les pays de la Cedeao pour faire en sorte qu’elle ferme les yeux sur l’absence totale de contrôle des listes électorales et du dépouillement des urnes.
Un calme précaire semblait être revenu en début de semaine sur le Togo. Pourtant, l’opposition refuse toujours tout compromis autour d’un gouvernement d’« union nationale ». En France, près d’un millier de Togolais ont manifesté lors du défilé du 1er Mai contre les malversations électorales et les collusions françafricaines. Un appel à manifester tous les jours à 18 heures devant l’ambassade du Togo à Paris a été lancé.
Danièle Obono
• Comité de soutien au peuple togolais, tél. : 06 18 42 31 71, site :
1.Sources : association Survie. Voir sur son site
2005-05-05