30 juin 2005

TOGO - Procès contre l’opposition togolaise

Le gouvernement et la chiraquie ne se contentent pas de soutenir la dictature et la répression au Togo. Ils répriment aussi les Togolais qui manifestent pacifiquement en France.

Au Togo, le régime dictatorial issu de quarante ans de néocolonialisme français se maintient après une mascarade électorale. Des centaines de jeunes Togolais continuent de disparaître en ce moment. Et ce qui est arrivé au Comité de soutien au peuple togolais révèle une incontestable collusion entre le Medef, la police et le gouvernement de Chirac, contre l’opposition togolaise en France.

Fin mai à Paris, Olusegun Obasanjo, président du Nigeria et de la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), président en exercice de l’Union africaine, était en France pour discuter avec Chirac. Au menu, dette et pétrole, poste au conseil de sécurité de l’ONU, présidence de la Banque africaine de développement... Le 26 mai, il était reçu au siège du Medef à 8 heures pour un petit-déjeuner avec quelques « décideurs » - qui a coûté la baguatelle de 200 euros hors taxes. Le Comité de soutien au peuple togolais avait demandé une entrevue avec Obasanjo, la Cédéao ayant reconnu la légitimité du hold-up électoral, tout comme la France et l’Union européenne, malgré l’avis contraire du Parlement européen. L’audience étant refusée, le Comité avait décidé d’organiser un petit-déjeuner pacifique (café, pain, beurre et confiture) devant le siège du Medef, offert aux entrepreneurs et à la délégation africaine, pour les sensibiliser à la cause du peuple togolais.

Mais un comité d’accueil musclé s’est invité, composé d’une trentaine de CRS, qui ont reçu l’ordre de « nettoyer » le trottoir devant le siège du Medef, poussant les opposants togolais avec force vers une rue à l’écart et les encerclant. Six policiers se sont emparés manu militari d’une des manifestantes, Anne-Marie, puis l’ont placée en garde à vue au commissariat du 7e arrondissement de Paris, avant de la libérer. Mais c’est un CRS qui a porté plainte contre la manifestante togolaise, pour un délit imaginaire, prétendant avoir été victime de violence ! Elle est convoquée à une audience de la 30e chambre du tribunal de Paris, Île-de-la-Cité, le lundi 4 juillet 2005 à 9 heures. Un appel est lancé pour la soutenir ce jour-là devant le tribunal, et une pétition est en ligne sur le site <http://www.soutientogo.org>. Il est urgent que la gauche française et les syndicats réagissent, et affirment leur solidarité avec une manifestante et un peuple qui exigent la liberté, et qui osent le faire devant le siège du Medef. C’est apparemment devenu un crime de lèse-majesté au pays de Chirac. Olivier Besancenot et la LCR ont répondu positivement à cet appel, comme devraient le faire tous ceux qui pensent que les droits et la dignité des peuples africains pèsent plus que les contrats juteux et les collusions chiraquiennes avec les dictatures africaines.

Alain Mathieu

Rouge 30 juin 2005