17 février 2007

Enfants soldats, le rôle de Paris

« Plus qu’une réalité révoltante, plus qu’un crime de guerre, c’est une bombe à retardement qui menace la stabilité de l’Afrique et au delà. [1]»

V

oilà donc comment dans une interview au Figaro, M. Douste-Blazy, Ministre des affaires étrangères a expliqué sa décision de co-présider, avec la directrice exécutive de l’UNICEF à Paris, un colloque pour lutter contre l’utilisation des enfants soldats qui s’est tenu les 4 et 5 février 07.

M. Douste-Blazy et le Gouvernement Chirac seraient un petit peu plus crédibles si ce dernier n’avait pas soutenu les pires dictateurs.

En effet en 2003, alors que la communauté internationale s’apprêtait à inculper Charles Taylor pour crimes de guerre, M. Chirac n’hésita pas à l’inviter pour le sommet de la Francophonie !

Déjà à cette époque tout le monde savait que Taylor utilisait des gamins soldats tant au Liberia qu’en Sierra Léone comme le rapportait le journal le Monde : « j’ai été initié à l’art de la guerre au Libéria par l’Ulimo-K, puis par le NPLF de Charles Taylor. Je me souviens des premières semaines d’entraînement. Un officier Libérien nous apprenait à manier la Kalachnikov. Et un sorcier guinéen nous faisait boire du sang, manger des cœurs de prisonniers. »[2].

Mais le soutien du gouvernement ne s’est pas résumé à une simple invitation, il a accepté que son pré carré africain serve de base de repli aux troupes de Taylor notamment dans les villes de Damané et Man en Côte d’Ivoire ou de base de transit pour le trafic d’armes par le Burkina Faso et le Niger, armes qui, précisément, étaient destinées aussi aux gamins.

Le programme de prévention, de libération et de réinsertion des enfants soldats est synthétisé sous le vocable des … « principes de Paris » ; comme quoi cynisme et hypocrisie sont, des éléments essentiels de la diplomatie française en Afrique.

Paul Martial



[1][1] Le Figaro du 05/02/07

[2] Le Monde du 01/12/99



Afriques en luttes, Février 07