17 février 2007

Le FSM de Nairobi vu par Olivier Besancenot



Extraits du journal de campagne, en ligne sur http://besancenot2007.org/



Le septième Forum social mondial est une étape importante dans la construction du mouvement altermondialiste. L’Afrique est un enjeu politique à la fois pour ce mouvement auquel nous participons depuis le début, et à la fois pour la LCR, en tant qu’organisation qui lutte en France contre son propre impérialisme, contre le pillage des pays africains orchestré par des multinationales bien françaises, contre la politique d’immigration des différents gouvernements qui se sont succédés à Matignon depuis plus de trente ans, et contre l’amplification des inégalités dans les rapports entre les pays du nord et les pays du sud. Voila pourquoi la LCR ne pouvait pas louper ce rendez-vous. (…) C’est de l’enthousiasme que je trouve sur place, un enthousiasme bien précieux pour notre combat pour changer le monde, quand on sait que le militantisme c’est aussi des moments de solitude, où il s’agit d’aller à contre-courant de la pensée unique.


De l’enthousiasme d’abord, parce que l’internationalisme, qui permet de côtoyer et d’échanger avec des militants de dizaine de pays différents, reste un luxe appréciable. C’est un acquis majeur du mouvement altermondialiste et ça le reste. (…) Participer au FSM, ça reste l’occasion de crier haut et fort à toute la gauche et à tout le mouvement ouvrier que pour nous les solutions alternatives au capitalisme ne peuvent s’envisager qu’en dépassant les frontières et sûrement pas en recyclant les discours souverainistes, chauvins et nationalistes qui ont toujours été nauséabonds, y compris à gauche. (…) Enthousiasmant ensuite, parce que j’ai pu rencontrer de nombreuses délégations d’organisations africaines : Mali, Sénégal, Côte-d’Ivoire, Maghreb… Je me souviens notamment d’une discussion avec un militant du Niger. Il m’a décrit minutieusement le monopole exercé par Areva, société française, sur l’extraction de l’uranium. (…) Les dégâts sur l’environnement sont catastrophiques sans parler de la santé de population locale irradiée. Les maladies professionnelles ne sont là-bas pas reconnues et les hôpitaux à proximité des sites d’extraction sont administrés sous l’influence de la société nucléaire française. Comme ça la boucle est bouclée. (…) De l’enthousiasme enfin parce que le souffle de la contestation des effets sociaux, démocratique, écologique, militaire de la mondialisation actuelle s’amplifie toujours. Ce souffle se structure dans des campagnes internationales concrètes sur l’annulation de la dette du tiers monde, la reconnaissance de l’eau et de l’énergie comme patrimoine public de l’humanité, défense des services publics, de la souveraineté alimentaire contre les OGM, la marche mondiale des femmes…


Le mouvement altermondialiste, ce n’est pas que des grands rassemblements, c’est d’abord l’activité quotidienne de millions d’anonymes contre le rouleau compresseur libéral qui n’épargne aucun peuple. Bien sur, il s’agit d’être vigilant sur l’évolution du mouvement alter mondialiste qui s’institutionnalise, qui se commercialise (le FSM non plus ne doit pas être une marchandise). C’est d’ailleurs pour ça que des actions ont été organisées pour faire rentrer et faire participer, sans payer le ticket d’entrée inaccessible pour les revenus moyens des kenyans. Mais tout ça ne gâchant rien, le plaisir et la motivation que j’ai ressenti et avec lequel je me suis « dopé ». Bilan du séjour : un gros coup de soleil et un petit film qui sera bientôt en ligne.


Olivier Besancenot