5 mai 2007

Du passé colonialiste faisons table rase !

Pour les élections présidentielles, la LCR avec son candidat Olivier Besancenot n’a cessé de se battre contre la politique néocolonialiste de la France sur le continent africain. Notre opposition farouche et sans concession à Sarkozy et à sa révolution conservatrice n’est pas synonyme d’un soutien à Ségolène Royale. Si incontestablement le leader de l’UMP s’est fait adouber par les réseaux de la Françafrique, le parti socialiste n’a jamais rompu avec la politique néocolonialiste de la France. Ce combat de rupture que nous menons, avec bien d’autres, passe notamment par le retrait des troupes françaises d’Afrique, mais aussi par le démantèlement de tout un système de réseau que la hiérarchie militaire française à mis en place que nous détaillons rapidement ici.

La présence militaire française ne se résume pas uniquement aux forces, quelles soient pré positionnées comme au Gabon (1000) à Djibouti (3000) et au Sénégal (1200 ) ou dans le cadre des Opérations extérieures (OPEX) comme au Tchad (1100) pour l’opération Epervier, le Togo dans le cadre de DETAIR, en golfe de Guinée dans le cadre de CORIMBE, 300 hommes de la Marine Nationale, en République Centrafricaine, 200 hommes. Elle intègre l’animation d’un réseau, celui des Ecoles Nationales à Vocation Régionale (ENVR) qui sont des centres de formation militaire spécialisés allant du perfectionnement du maintien de l’ordre pour l’école d’Awaé au Cameroun à l’enseignement pour les membres d’état-major dispensé à l’école Koulikoro au Mali. Elles sont au nombre de 14, implantées dans les pays d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Il faut ajouter les déploiements de stages qui en 2006, ont bénéficié à plus de 750 militaires africains la plupart officiers. Enfin, pour être complet, il convient d’ajouter les missions de coopération militaire et de défense présentes dans chaque ambassade. Pour l’Afrique, cela représente plus de 300 officiers des différents corps de l’armée française, sans compter les Services de Coopération Technique International de Police (STCIP). Nous n’évoquons que l’officiel, le légal, et laissons de coté les mercenaires et autres conseillers spéciaux à la sécurité des présidents africains ou des grandes entreprises françaises qui sont souvent des anciens de la DGSE ou des militaires relevant du Commandement des Opérations Spéciales (COS).

Tout ce dispositif présenté comme une coopération, sert surtout à formater les armées du pré carré africain de la France, à développer des liens formels et informels entre « frères d’armes » permettant d’affermir un contrôle de l’ancienne puissance coloniale sur les Etats africains. La France, qui se veut le garant de la stabilité de la région, devient surtout le garant de la stabilité des pouvoirs en place. Un environnement particulièrement propice à la réalisation de juteux profit pour les grandes entreprises hexagonales. Si cette situation perdure, c’est parce qu’existe dans la classe politique un véritable consensus sur la politique africaine de la France. Consensus pour que ces affaires relèvent du président de la République et plus précisément de la cellule africaine, consensus pour que certaines clauses des contrats liant les pays africains et la France demeurent confidentielles. Consensus pour que les interventions de l’armée puissent s’effectuer en dehors de toutes décisions ou même informations du Parlement avec des risques d’autonomisation de l’armée française sur le terrain. C’est précisément cette situation qui a permis que l’armée française soit complice du dernier génocide du 20ème siècle celui du Rwanda. Mais, même cette terrible tragédie n’a pas provoqué un choc salutaire parmi les états majors des partis gouvernementaux de droite ou de gauche.

Ainsi, depuis des mois, les troupes françaises combattent directement les rebelles au Tchad dans le seul but de maintenir le dictateur Idriss Déby, empêchant de fait toutes solutions politiques dans le pays, mais c’est aussi un facteur de conflit au Darfour puisque N’Djaména soutient les rebelles opposés au gouvernement du Soudan. Intervention également en République Centrafricaine ou les hommes de la 11° brigade parachutiste encadrent les Forces armées centrafricaines (FACA) coupables de pillages, d’exécutions sommaires et de viols, et bombardent régulièrement la région de Birao. Cette politique est menée en l’absence de tout vote, de tout contrôle, de tout débat, de toute information sans qu’aucun parti à l’Assemblée ne s’en offusque vraiment. Quand à la participation de l’armée française au dispositif du Renforcement des Capacités Africaines de Maintient de la Paix (RECAMP), nous considérons qu’il s'agit d’un simple maquillage en effet les deux interventions principales de RECAMP en Guinée Bissau et en Centrafrique, ont été soutenu, encadré et dirigé par la l’état-major français non dans un but de paix, mais dans celui de maintien des positions de l’ancienne puissance coloniale dans ces deux régions. En fait c’est assez simple. En France, pour faire la guerre en Afrique il suffit de dire que l’on défend la paix.


Paul Martial

Les interventions militaires françaises :

le scandale permanent


Les interventions militaires françaises se suivent et se ressemblent, les arguments sont toujours les mêmes, on nous parle de maintenir la stabilité de la région, de préserver l’ordre constitutionnel, ou de sauver les ressortissants français ou européens, mais en fait chaque fois, comme on peut le constater ci-dessous, il s’agit de maintenir au pouvoir des gouvernements, pour la plupart des dictatures, pour assurer l’ordre néocolonial.


  • 1962 - intervention militaire au Sénégal pour maintenir Léopold Sédar Senghor au pouvoir et maintenir l’ordre dans le pays.

  • 1964 - les parachutistes interviennent à Libreville au Gabon après l’enlèvement du Président Léon M’Ba.

  • De 1968 à 1972 - les troupes françaises opèrent au Tchad pour mater la rébellion au Tibesti.

  • 1977 - Mise en place d’un pont aérien contre la rébellion de Shaba et pour la défense de Mobutu.

  • 1977 - Intervention en Mauritanie contre le front Polisario.

  • 1978 - Intervention au Tchad avec envoi de 2000 hommes pour rétablir l’ordre et la stabilité du pays (opération qui durera deux années).

  • 1978 - Deuxième intervention au Zaïre lors de la guerre au Shaba, 600 parachutistes sautent sur Kolwezi.

  • 1979 - intervention en Centrafrique, Bokassa est destitué.

  • 1983-1984 - Intervention de 3000 militaires au Tchad pour défendre Hissène Habré contre Goukouni Oueddeye.

  • 1986 - Intervention aérienne dans le Nord du Tchad à Ouasi-Doum et installation d’un dispositif aérien à N’Djaména.

  • 1986 - Intervention au Togo pour défendre la dictature de Gnassingbé Eyadéma.

  • 1989 - Intervention de 200 militaires aux Comores

  • 1990 - Intervention des troupes française à Libreville et Port-Gentil au Gabon pour mater les émeutes.

  • 1990-1993 - Envoi de 600 soldats contre le FPR Front Patriotique Rwandais.

  • 1991 - Intervention au Zaïre lors d’émeutes.

  • 1991 - Renforcement de la présence à Djibouti contre une éventuelle attaque de l’Ethiopie.

  • 1992-1994 - 500 parachutistes interviennent au Rwanda juste avant le déclenchement du génocide, puis 2500 après pour mettre en place notamment l’exfiltration des principaux coupables du génocide.

  • 1995 - Intervention aux Comores de près de 1000 soldats.

  • 1996 - Deux interventions successives regroupant plus de 2000 militaires en Centrafrique

  • 1997 - Opération de représailles contre des combattants centrafricains suite à la mort de deux soldats français.

  • 1997 - Opérations successives au Congo Brazzaville employant plus d’un millier de militaire.

  • 1998 - Installation d’un dispositif militaire au Congo Kinshasa

  • 1999 - Intervention à Djibouti de sécurisation du port et de l’aéroport.

  • 2002 - en septembre intervention en Cote d’Ivoire autour de quatre mille soldats

  • 2003 - Intervention au Congo Kinshasa notamment dans le nord-est du pays en Ituri.


Cette liste s’arrête en 2003 mais les interventions ont continué au Tchad et en Centrafrique avec une brutalité redoublée.

La liste des dates laisse entrevoir que gouvernement de droite ou de gauche ont les mêmes politiques, nous resservant les mêmes arguties. Et si aujourd’hui la gauche nous parle de VI° République, force est de constater que lorsqu’ils étaient au gouvernement sous la V° République ils se sont largement accommodés des pouvoirs discrétionnaires de la présidence de la république française.