Nicolas Sarkozy a effectué les 26 et 27 mars son troisième voyage officiel en Afrique. Le président français s’est cette fois rendu en République démocratique du Congo (RDC), au Congo (Brazzaville) et au Niger, avec quelques représentants de multinationales dans ses bagages (Areva, Bolloré, Vinci, CFAO...), plus quelques personnalités officielles et officieuses. Une nouvelle occasion de vérifier que le cocktail nauséabond « intérêts économiques français - diplomatie parallèle - soutien aux dictateurs - mépris des populations africaines » est toujours d’actualité.
C’est la RDC qui constituait l’étape la plus sensible du voyage présidentiel. Nicolas Sarkozy avait provoqué un tollé quelques semaines plus tôt par ses propositions de « partage de l’espace et des richesses » d’un pays « à la superficie immense, avec une organisation étrange des richesses frontalières ». La région du Kivu, et ses immenses richesses minières, paraît en effet au centre de l’arrangement diplomatique voulu par la France et le Rwanda. Aucun autre pays n’avait toutefois suivi le ballon d'essai français. Les américains défendaient déjà pour leur part la mise en place d’un marché commun entre la RDC et ses voisins, permettant aux pays frontaliers de continuer à exploiter le sous-sol congolais, mais de manière légale (plan Cohen). A Kinshasa, Sarkozy s’est donc livré à un exercice de rétro-pédalage : aucun autre pays que la France n’avait défendu « la souveraineté inaliénable du Congo (…) avec autant d’ardeur », affirmait-il. Le président français a néanmoins prôné des relations avec les voisins de l’Est établies « sur des bases radicalement nouvelles » pour « pour structurer des filières agricoles, commerciales, industrielles ». En clair, l’économie de guerre, dont profite certaines entreprises comme Bolloré, n’est plus suffisante pour l’approvisionnement en minerais des multinationales occidentales et l’on souhaite sécuriser suffisamment la région pour permettre des investissements lourds.
Le président-VRP est par ailleurs reparti avec son filet à provision bien garni : implantation prévue pour France télécom, réhabilitation de la piste de l’aéroport de Kinshasa pour Vinci, réhabilitation des turbines de la centrale d’Inga II pour Alstom, et quelques cadeaux pour Suez, Véolia ou Lafarge. Mais le jack pot, c’est la signature par Areva d’un « mémo d’intention » qui prévoit la mainmise exclusive de la multinationale française sur la prospection et l’exploitation de l’uranium dans la totalité du pays. Cette signature a été rendue possible par l’activité diplomatique parallèle de certaines personnalités, notamment le député UMP des Hauts-de-Seine (ex-fief de Pasqua) Patrick Balkany, l’omnipotent industriel belge (mais consul de France à Lubumbashi) Georges Forrest, et Fabien Singaye, ancien agent du régime Habyarimana, proche de Paul Barril, et reconverti comme « conseiller spécial » du dictateur centrafricain Bozizé, chez lequel il avait déjà joué les entremetteurs pour Areva. Un concentré de Françafrique !
Sarkozy s’est ensuite rendu à Brazzaville, pour remercier son grand ami Denis Sassou Nguesso d’avoir attribué la gestion du port de Pointe-Noire à Bolloré. Histoire de ne pas venir les mains vides au mariage, l’Agence Française de Développement (AFD) a annoncé une dot de 29 millions d’euros sous la forme d’un prêt de 15 ans pour participer à la réhabilitation dudit port. Il s’agissait aussi pour Sarkzoy d’apporter sa bénédiction à la prochaine mascarade électorale. « La France n’a pas de candidat », a juré Sarkozy, qui, pour prouver sa bonne fois, a accepté de rencontrer certaines personnalités de l’opposition. Mais la diplomatie française a « oublié » de parler au président congolais des incendies à répétition qui frappent ces derniers temps opposants et journalistes trop curieux. Sarkozy a aussi plaidé pour la tenue d’élections « régulières et transparentes » : une plaisanterie de mauvais goût en l’absence de commission électorale indépendante et pluraliste. Il a même déclaré sans rire devant le boucher de Brazzaville que la démocratie et les droits de l’Homme faisaient partie de leur « héritage commun ».
Dernière étape : Niamey, où Sarkozy a vanté une autre « démocratie vivante ». Il est vrai que Mamadou Tandja, qui aurait « redonné à la démocratie ses lettres de noblesse » n’entend pas, à la différence de ses homologues françafricains, modifier la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat. Il souhaite juste répondre à l’aspiration « du peuple et de l’Assemblée nationale » qui ont spontanément demandé une prolongation de son mandat de 3 ans (pour commencer ?) « pour des raisons de stabilité et pour compléter ce qu’il a démarré »... Ici aussi la visite présidentielle française était une contrepartie des douceurs consenties aux intérêts économiques français. Areva avait en effet récemment récupéré l’exploitation de la réserve géante d’uranium d’Imuraren dans le Nord du pays. Un enjeu stratégique à l’heure où cette multinationale (à capitaux encore partiellement publics) est engagée dans une course folle pour fourguer toujours plus de centrales... et leur combustible. Dans le même temps, en France, d’autres sons de cloche se faisaient heureusement entendre, qu’il s’agisse de la plate-forme citoyenne France-Afrique, qui dénonçait une « françafrique décomplexée », ou du réseau Sortir du nucléaire qui tenait une conférence de presse pour dénoncer les ravages sociaux et environnementaux causés par Areva au Niger. Notre camarade Olivier Besancenot y a rappelé la politique coloniale de pillage des richesses de l’Etat français, et notre revendication de « réparation aux peuples autochtones, à l’environnement et au pays ».
C’est la RDC qui constituait l’étape la plus sensible du voyage présidentiel. Nicolas Sarkozy avait provoqué un tollé quelques semaines plus tôt par ses propositions de « partage de l’espace et des richesses » d’un pays « à la superficie immense, avec une organisation étrange des richesses frontalières ». La région du Kivu, et ses immenses richesses minières, paraît en effet au centre de l’arrangement diplomatique voulu par la France et le Rwanda. Aucun autre pays n’avait toutefois suivi le ballon d'essai français. Les américains défendaient déjà pour leur part la mise en place d’un marché commun entre la RDC et ses voisins, permettant aux pays frontaliers de continuer à exploiter le sous-sol congolais, mais de manière légale (plan Cohen). A Kinshasa, Sarkozy s’est donc livré à un exercice de rétro-pédalage : aucun autre pays que la France n’avait défendu « la souveraineté inaliénable du Congo (…) avec autant d’ardeur », affirmait-il. Le président français a néanmoins prôné des relations avec les voisins de l’Est établies « sur des bases radicalement nouvelles » pour « pour structurer des filières agricoles, commerciales, industrielles ». En clair, l’économie de guerre, dont profite certaines entreprises comme Bolloré, n’est plus suffisante pour l’approvisionnement en minerais des multinationales occidentales et l’on souhaite sécuriser suffisamment la région pour permettre des investissements lourds.
Le président-VRP est par ailleurs reparti avec son filet à provision bien garni : implantation prévue pour France télécom, réhabilitation de la piste de l’aéroport de Kinshasa pour Vinci, réhabilitation des turbines de la centrale d’Inga II pour Alstom, et quelques cadeaux pour Suez, Véolia ou Lafarge. Mais le jack pot, c’est la signature par Areva d’un « mémo d’intention » qui prévoit la mainmise exclusive de la multinationale française sur la prospection et l’exploitation de l’uranium dans la totalité du pays. Cette signature a été rendue possible par l’activité diplomatique parallèle de certaines personnalités, notamment le député UMP des Hauts-de-Seine (ex-fief de Pasqua) Patrick Balkany, l’omnipotent industriel belge (mais consul de France à Lubumbashi) Georges Forrest, et Fabien Singaye, ancien agent du régime Habyarimana, proche de Paul Barril, et reconverti comme « conseiller spécial » du dictateur centrafricain Bozizé, chez lequel il avait déjà joué les entremetteurs pour Areva. Un concentré de Françafrique !
Sarkozy s’est ensuite rendu à Brazzaville, pour remercier son grand ami Denis Sassou Nguesso d’avoir attribué la gestion du port de Pointe-Noire à Bolloré. Histoire de ne pas venir les mains vides au mariage, l’Agence Française de Développement (AFD) a annoncé une dot de 29 millions d’euros sous la forme d’un prêt de 15 ans pour participer à la réhabilitation dudit port. Il s’agissait aussi pour Sarkzoy d’apporter sa bénédiction à la prochaine mascarade électorale. « La France n’a pas de candidat », a juré Sarkozy, qui, pour prouver sa bonne fois, a accepté de rencontrer certaines personnalités de l’opposition. Mais la diplomatie française a « oublié » de parler au président congolais des incendies à répétition qui frappent ces derniers temps opposants et journalistes trop curieux. Sarkozy a aussi plaidé pour la tenue d’élections « régulières et transparentes » : une plaisanterie de mauvais goût en l’absence de commission électorale indépendante et pluraliste. Il a même déclaré sans rire devant le boucher de Brazzaville que la démocratie et les droits de l’Homme faisaient partie de leur « héritage commun ».
Dernière étape : Niamey, où Sarkozy a vanté une autre « démocratie vivante ». Il est vrai que Mamadou Tandja, qui aurait « redonné à la démocratie ses lettres de noblesse » n’entend pas, à la différence de ses homologues françafricains, modifier la Constitution pour s’octroyer un troisième mandat. Il souhaite juste répondre à l’aspiration « du peuple et de l’Assemblée nationale » qui ont spontanément demandé une prolongation de son mandat de 3 ans (pour commencer ?) « pour des raisons de stabilité et pour compléter ce qu’il a démarré »... Ici aussi la visite présidentielle française était une contrepartie des douceurs consenties aux intérêts économiques français. Areva avait en effet récemment récupéré l’exploitation de la réserve géante d’uranium d’Imuraren dans le Nord du pays. Un enjeu stratégique à l’heure où cette multinationale (à capitaux encore partiellement publics) est engagée dans une course folle pour fourguer toujours plus de centrales... et leur combustible. Dans le même temps, en France, d’autres sons de cloche se faisaient heureusement entendre, qu’il s’agisse de la plate-forme citoyenne France-Afrique, qui dénonçait une « françafrique décomplexée », ou du réseau Sortir du nucléaire qui tenait une conférence de presse pour dénoncer les ravages sociaux et environnementaux causés par Areva au Niger. Notre camarade Olivier Besancenot y a rappelé la politique coloniale de pillage des richesses de l’Etat français, et notre revendication de « réparation aux peuples autochtones, à l’environnement et au pays ».
Robin Guébois