29 avril 2005

Journalistes entôlés en Algérie

À l’heure où Bouteflika annonce, à grands renforts d’apparitions télévisuelles, l’œuvre devant parachever son actuel mandat présidentiel - l’amnistie générale des acteurs de la sale guerre - une profession entière prend le chemin de ses geôles : les journalistes.
Dernier épisode en date, la condamnation de cinq journalistes membres des rédactions du quotidien Le Matin (qui a cessé de paraître en juin 2004) et de l’Humanité à des peines allant de deux à cinq mois de prison, suite à des articles accusant le pouvoir de détournement d’argent public pour financer des appartements de haut standings pour ses proches, ou de malversations financières lors de l’attributions d’une licence d’exploitation GSM au profit d’un investisseur du Golfe, ami de Bouteflika. Cette affaire révèle l’une des facettes de l’offensive ultralibérale et mafieuse en cours en Algérie, celle d’un pays à vendre, de la cave au grenier, pour le plus grand bénéfice des clans du pouvoir. En levant le voile sur ce visage du régime algérien, une partie de la presse a franchi la dernière ligne rouge que ce dernier pouvait tolérer. Il n’avait pourtant pas ménagé sa peine pour la réduire au silence par le passé. Mais, plus que jamais en odeur de sainteté pétrolière et sécuritaire auprès de ses « partenaire occidentaux », il a choisi la voie la plus efficace : la prison.
La prochaine cible désignée, le quotidien Le Soir d’Algérie, risque de cesser sa diffusion dans les deux prochains mois, en raison de l’emprisonnement de sa rédaction. Avec cette offensive, c’est un autre pan de la société civile algérienne qui risque de disparaître, dans l’indifférence internationale.

2005-04-28