21 janvier 2006

Tunisie - Grève de la faim contre l'arbitraire

Quatre militants tunisiensde Raid (équivalent d'Attac en Tunisie) ont commencéune grève de la faim le 14 juin contre la confiscationde leurs passeports par les autorités. Un millier de prisonnierspolitiques sont toujours retenus dans les geôles du pouvoir.
Au bout de quelques jours,trois des grévistes ont récupéré leurspapiers, sous la pression de l'opinion démocratique. Maispas notre camarade Sadri Khiari, artiste peintre, l'un des fondateursdu Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT),qui devait venir en France mardi 19 juin. Une pétitioncircule pour autoriser ce voyage. Nous l'avons joint par téléphone.
- Pourquoi as-tu décidécette grève de la faim?
Sadri Khiari - Retirerles passeports est une pratique générale du ministèrede l'Intérieur pour sanctionner les opposants ou leur famille.Il n'est alors plus possible de voyager, ce qui est un gros handicappour les militants du mouvement démocratique et de gauche.C'est aussi un obstacle pour les habitants à faibles revenusqui aspirent à immigrer, ou pour les étudiants quiveulent poursuivre leurs études à l'étranger.Mais cela concerne aussi des milliers de personnes, mêmecelles qui n'ont pas envie de sortir du pays. Il suffit d'êtremal vu par la cellule du parti au pouvoir dans le quartier. Ily a eu l'an dernier beaucoup de protestations contre cette privationarbitraire. Le président de la République a dûreconnaître qu'il n'y avait aucune raison de priver lesgens de leur passeport. Dorénavant, elles auraient leurpasseport mais les tribunaux jugeraient si elles peuvent quitterle territoire. Un certain nombre de passeports ont étérendus. Mais une grande masse n'a rien eu. Pour d'autres, commemoi, on leur donne un passeport en les informant qu'ils ont uneaffaire à régler avec la justice, et donc sont interditsde voyage!
Je n'ai aucune idée des affaires qui me sont reprochées.L'une daterait de mars 1997 et l'autre de mars 2000. Je n'en aijamais entendu parler jusqu'ici! Je ne suis pas le seul: un syndicalistequi devait quitter la Tunisie s'est récemment vu reprocherune affaire. Le rôle répressif est donc transférédu ministère de l'Intérieur à la justice.En ce qui me concerne, on me reproche aussi d'avoir fait un voyagede trois mois à Paris, pour présenter un rapportdu Conseil national pour les libertés. Et je dois reveniren France soutenir une thèse, je pars en principe ce mardi19 juin: on verra si je peux quitter l'aéroport!
- Où en est l'activitédu mouvement démocratique?
S. Khiari - Il y aun regain d'activités, et une pression de la solidaritéinternationale. Il y a eu l'apparition du CNLT et de Raid. LeCNLT, ce sont quelques dizaines de personnes du mouvement démocratique,de la gauche, de l'extrême gauche, des syndicalistes. DansRaid, le recrutement est plus large, plus jeune, plus syndical.De très nombreuses initiatives se développent dansles milieux intellectuels, démocratiques, chez les étudiants.Cela commence en milieu syndical. Nous avons connu des mois trèsdifficiles. Quand nous voulions tenir des réunions, lespersonnes étaient passées à tabac dans larue par des policiers. Il y a toujours un millier de prisonnierspolitiques.
Propos recueillispar Dominique Mezzi
LIGUE COMMUNISTE REVOLUTIONNAIRE
"Nos vies valent plus que leurs profits"
http://www.lcr-rouge.org