15 décembre 2006

LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO VA-T-ELLE SORTIR DU CAUCHEMAR ?

Après 7 années de guerre civile et une période de transition chaotique, la RDC (ex- Zaïre sous Mobutu) vient de connaître ses premières élections libres depuis celles de l'indépendance. Les principaux problèmes du pays sont pourtant loin d'être réglés.


De 1996 à 2002, le pays a connu une période de guerre civile meurtrière (plus de 4 millions de morts), alimentée par le pillage des ressources minières du pays, impliquant tous les pays frontaliers, de nombreux mouvements armés (dont les génocidaires rwandais réfugiés sur le sol congolais) et une cinquantaine de multinationales occidentales, selon un rapport de l’ONU. Fin 2002, la pression internationale a contraint les principaux seigneurs de guerre à accepter de se partager le pouvoir (un président et quatre vice-présidents) avant la tenue d’élections libres. Si la période de transition a été marquée par de nombreux affrontements, et si les élections ont été repoussées, elles viennent finalement de se tenir.


Les deux grands vainqueurs du premier tour qui s’est déroulé fin juillet ont été Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba. Kabila, président sortant, fils de Laurent-Désiré Kabila qui avait renversé Mobutu, était le favori des trois "parrains" historiques du pays (Belgique, France, USA), au point que sa victoire au premier tour était annoncée comme certaine et que l’organisation du second tour n’avait été ni prévue ni budgétisée… Il a fait campagne sur le thème de l’unité nationale et de la paix ramenée dans l’Est du Pays. Bemba, fils du patron des patrons congolais et ex-financier de Mobutu est lié depuis longtemps à plusieurs réseaux françafricains. Il a mené une campagne violemment xénophobe sur le thème de la « congolité », laissant entendre que Kabila était d’origine rwandaise. Le parti lumumbiste unifié (Palu) est apparu comme la troisième force du pays (13%) et a appelé à voter Kabila au deuxième tour pour préserver l’unité du pays. La RDC est en effet apparue profondément clivée entre l’Ouest (incluant la capitale) pro-Bemba, et l’Est massivement pro-Kabila. Ce dernier l’a finalement emporté, même si des fraudes massives ont été constatées de part et d’autre. Bemba a contesté les résultats mais ne semble pas opter pour l’instant pour l’option militaire.

Les élections sont en effet placées sous haute surveillance de la communauté internationale. Pendant la période de transition, la quasi-totalité des ressources du pays a été bradée à des intérêts étrangers avec la complicité de Kabila, mais leur exploitation et les investissements à plus long terme nécessitaient le retour à un calme politique relatif. La France a donc été à l’initiative d’une force européenne (Eufor-RDC), cautionnée par l’ONU, pour « sécuriser » les élections. Mais la sécurisation des richesses naturelles est une préoccupation bien plus importante que celle des populations, massivement touchées par la pauvreté et les exactions (vols, viols, travail forcé, éliminations de journalistes et de militants) commises par les différentes milices et même principalement par l’armée régulière elle-même, selon un rapport récent de l’ONG Human Right Watch

Afriques en Lutte, Décembre 06