15 janvier 2007

Immigration - Sous-traitance meurtrière de la lutte contre l’immigration aux pays du Maghreb : le cas du Maroc.

Depuis 2005, le Maroc s’est engagé dans une politique ferme d’éloignement et d’expulsion des migrants subsahariens qui traversent le pays dans l’espoir de gagner l’Europe. On se souvient du drame de l’automne 2005 aux confins des villes marocaines occupées par l’Espagne, Ceuta et Melilla, où la police marocaine a ouvert le feu contre des migrants qui tentaient de dépasser le mur barbelé. Résultat : plusieurs dizaines de morts. Plus récemment, le 23 décembre 2006, à l’aube, quatre cents migrants, dont des femmes enceintes ou accompagnées d’enfants, ont été raflés dans plusieurs quartiers de Rabat, et expulsés vers la frontière avec l’Algérie, en plein Sahara sous le froid hivernal. Nouvelles rafles le 25 décembre à Nador, dans l’Est du pays. Parmi les migrants, de nombreux demandeurs d’asile et personnes reconnues réfugiées par le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU. Ces procédés ne sont pas une première, et des rescapé-e-s ont également déjà témoigné de phénomènes de racket, de maltraitance ou de viols de la part des forces de l’ordre. Le Maroc applique aujourd’hui une politique raciste et arbitraire caractérisée par l’absence quasi-systématique du recours à la justice avant toute décision d’expulsion, qui exacerbe le racisme déjà présent dans la population.

Ces expulsions à grande échelle, parfois dans des conditions susceptibles d’entraîner délibérément la mort, sont menées au nom des accords passé avec l’Europe en matière de lutte contre l’immigration clandestine. Les institutions européennes ferment les yeux sur le maintien de la monarchie autoritaire et exige en échange que le Maroc se transforme en gendarme de l’Europe de Schengen. Les opérations d’expulsions rentrent dans le cadre des engagements pris par le Maroc à la conférence euro-africaine qu’il a hébergée en juillet 2006. Depuis le Maroc est considéré comme un partenaire privilégié de l’UE au nom de la protection des frontières de l’Europe. Il n’est pas le seul : la Libye, qui applique des méthodes similaires, est également un sous-traitant jugé efficace. L’UE ne tient aucun compte des rapports des ONG concernant les violations des droits de l’homme, sur le fait que les principes de la Convention de Genève sur les réfugiés, pourtant ratifiée par le Maroc, ne sont pas respectés.

Les Subsahariens sont victimes des plans d’ajustements économiques dans leurs pays imposés par la Banque Mondiale et les Etats occidentaux, victimes des dictateurs soutenus par ces mêmes institutions, victimes des guerres alimentées par les marchand d’armes et les multinationales qui s’accaparent les matières premières, et encore victimes de ces mêmes régimes occidentaux qui ont plongé le continent africain dans une pauvreté de plus en plus grande. Pour beaucoup d’entre eux, le choix se résume entre mourir dans leurs pays, du fait de la misère ou de la répression, ou sur le chemin de l’immigration. A l’initiative de militants de gauche, d’ATTAC Maroc, d’organisations syndicales, d’associations marocaines ou espagnoles, des comités de soutiens sont mis en place et la solidarité matérielle s’organise tant bien que mal (nourriture, couverture, médicaments).
Afriques en Luttes