15 janvier 2007

Françafrique - Le soutien aux dictatures africaines : une pratique addictive des gouvernements français

Les similitudes sont grandes entre le président tchadien Idriss Déby et le président centrafricain Bozizé : les deux ont pris le pouvoir par un coup d’Etat, et s’y sont maintenus en organisant des élections truquées, les deux sont régulièrement dénoncés pour leur violation des droits de l’homme et, évidemment, les deux sont soutenus à bout de bras et de fusils par le gouvernement français.

Les interventions militaires françaises tant au Tchad qu’en Centrafrique sont monnaie courante et n’ont jamais fait l’objet d’un débat au parlement. Pire, aucune information ne filtre. Ainsi, c’est dans le plus grand secret que depuis plusieurs mois, l’armée française dans le cadre du dispositif épervier, intervient aux côtés de l’armée tchadienne dans les combats à l’est du pays. Même silence concernant le nombre de blessés et de morts après l’intervention française au Nord de la Centrafrique.

Le débat serait d’autant plus nécessaire, que la France n’a eu de cesse de soutenir dans ces deux pays les pires dictateurs, de Bokassa en Centrafrique à Hissène Habré au Tchad -actuellement sous inculpations pour crimes contre l’humanité- et ce soutien aux dictatures par le gouvernement français continue. En effet, les organisations de défense des droits de l’homme ne cessent d’attirer l’attention sur les milliers de morts dont Idriss Déby est responsable. Quant aux FACA (Forces armées centrafricaines) qui combattent dans le nord du pays avec l’aide des commandos de la 11° brigade parachutiste, Amnesty International et la LIDH ont dénoncé les comportements de soudards des soldats de l’armée centrafricaine qui un fois les villes reprises aux rebelles, se livrent aux exécutions sommaires, pillages et viols comme dans la ville de Sam-Ouandja où la population a du se réfugier dans la brousse pour échapper à la violence des FACA. Quant à Birao, ville située au Nord Est du pays, de nombreux civils se sont enfuis vers le Soudan pour échapper aux bombardements de la ville par l’aviation française.

La solution n’est donc pas de soutenir politiquement et militairement des gouvernements corrompus et dictatoriaux contre des rebelles qui ne valent pas mieux au vu des exactions auxquelles ils se livrent, mais d’appuyer les forces de la société civile qui se sont organisées comme au Tchad avec Comité de Suivi de l’Appel de la Paix et de la Réconciliation, de soutenir des élections libres et démocratiques, d’effacer la dette et de promouvoir une politique de coopération écartant corruption et domination, en bref rompre avec une politique néocolonialiste.
Afriques en luttes - Janvier 07