Dimanche 29 avril se tenaient les élections présidentielles au Mali. Celles-ci ont consacré sans surprise la réélection de Amadou Toumani Touré (ATT), avec 70% des suffrages revendiqués dès le premier tour.
Le général Toumani Touré, qui avait renversé le dictateur Moussa Traoré en 1991 avant de redonner le pouvoir au civil, s'est ensuite fait élire en 2002. Il a réussi, grâce aux avantages offerts ou à diverses pressions, à constituer un gouvernement « de consensus », empêchant la plupart des partis d'opposition de se poser aujourd'hui en alternative à la politique libérale exigée par la Banque Mondiale et la France (privatisation de la filière coton, pillage de l'or par les multinationales étrangères, dont Bouygues). Ce qui explique une faible participation de la population, tout paraissant joué d'avance : moins des deux tiers des électeurs avaient retiré leur carte d’électeur, et moins d’un tiers d’entre eux a participé au scrutin.
Le principal challenger, le président de l'Assemblée nationale Ibrahim Boubacar Kéita, ancien président de l’Assemblée Nationale représentant la coalition « Front pour la Démocratie et la République », a recueilli 19% des voix et a dénoncé de « grosses irrégularités ». Nos amis du Sadi (Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance), et leur candidat Oumar Mariko, qui bénéficient d'un réel soutien populaire du fait de leur implication dans les luttes paysannes et ouvrières, sont crédités de 2,72% (61 670 voix). Ils ont émis de nombreuses critiques sur la validité du fichier électoral. Ils ont également dénoncé les manoeuvres d'intimidation exercées par les militaires sur la population ainsi que sur leurs militants et l’absence d’indépendance de la commission électorale qui a supervisé le scrutin.
Quoi qu'en disent les pays occidentaux qui font du Mali et du Sénégal des modèles de démocratie en Afrique, les tentations autoritaires restent bien présentes.