1 juin 2008

L'Afrique répond à Sarkozy


Contre le Discours de Dakar. Ouvrage publié sous la direction de Makhily GASSAMA, Ed. Philippe REY

Pour sa première visite à Dakar, le 26 juillet 2007, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours mémorable. Mémorable dans le style « Je suis venu vous dire ». Mémorable dans l’ignorance crasse dont il fait preuve de l’histoire de l’Afrique et des peuples africains. Mémorable enfin car, sous couvert d’une rupture des relations Françafrique, Nicolas Sarkozy assène des insultes. Son adresse « fraternelle » à la jeunesse du continent, supposée fonder la nouvelle politique africaine de la France, n’a en effet trompé personne. Le masque est vite tombé : émaillé de clichés racistes, centré sur un mythique « homme africain », sur « l’âme de l’Afrique », sur la Renaissance africaine dont il fait une lecture bien suspecte. Quid du rôle de l’Europe et des institutions financières internationales dans l’appauvrissement de ce continent ? Quid de la mise en place et du maintien aux régimes « kleptocrates » et dictatoriaux ? Quid du rôle très particulier des gouvernements français depuis les « indépendances » ? Rien, si ce n’est pour enjoliver la colonisation, sans revenir sur les crimes commis.

C’est ce que dénonce cet ouvrage. Vingt-trois prestigieux intellectuels, africains, français ou afro-caribéen, oeuvrant dans tous les domaines, apportent à travers leurs contributions une réponse cinglante à l’insulte de Dakar. Ils apportent d’utiles rappels historiques face au révisionnisme de l’Etat français qui s’entête à réécrire sans pudeur l’histoire de l’Afrique, de la traite négrière à la colonisation. Mais au delà de la simple réponse à Nicolas Sarkozy, ce livre constitue une interpellation aux défis que l’Afrique doit affronter aujourd’hui et demain et l’appelle à trouver en-elle même les ressources nécessaires pour les surmonter. C’est également un ouvrage utile à tous ceux qui, s’interrogeant sur les rapports Nord-Sud et qui voudraient les reconstruire pour un véritable partenariat, peuvent y trouver des éléments de réponse à leurs interrogations.

Mariam SERI SIDIBE