En tant que blanc, il me parait clair que pour l’élite capitaliste blanche éclairée, Obama est une caution de non racisme, mais pas d’antiracisme. C’est comparable à la France à chaque fois qu’il est question de laisser un africain ou un arabe occuper un poste important. A part les affreux racistes, c’est à dire les autres, c’est toujours les autres, les gens pas évolués, pas éduqués, qui risquent de poser problème et choisir le camp réactionnaire par peur d’être dépossédés de leur identité raciale dominante. Comme au temps de l’apogée du FN en France, l’idée est donc de ne pas risquer de poser des problèmes aux minorités opprimées par l’ethnie locale majoritaire, en provoquant le camp xénophobe, ce qui se dit « ne pas faire le jeu de la droite ». Ne pas heurter la sensibilité des racistes locaux. On a vu en France comment cette peu courageuse position a permis d’officialiser le discours Le Peniste, car il s’agit de rendre les agressés agresseurs, avec la tristement célèbre notion de racisme anti-français. Cela est une des raisons de la victoire d’une droite dure, et malgré les pitoyables tentatives pour le nier, foncièrement et cyniquement raciste.
La question devrait être : un noir président, oui, mais pas pour devenir un autre Bush en moins con. Obama devrait plutôt admettre qu’il ne peut pas vraiment être le président de tout les américains, pas de ceux par exemple qui admettent la présence noire uniquement sous la forme esthétique de gentils décolorés, je crois qu’on dit "noix de coco" en Afrique pour désigner ceux qui sont noirs de peau, mais blancs à l’intérieur. D’ailleurs, avant de s’aventurer à poser cette question difficile (les dernières prédictions de l’Europe concernant la soi-disante impossibilité de la réélection de Bush lors des précédentes élections devraient nous inciter à plus de prudence), on devrait se demander :
- A quand un ministre de l’intérieur d’origine algérienne en France ?
- A quand un premier ministre noir en France ?
- A quand une présidente française de gauche non blairiste ?
Comme la réponse est : Quand les autruches auront de tongs, on doit alors se consoler en se demandant si les USA, symbole d’un pouvoir blanc dans un pays composé d’une mosaïque de populations d’origines différentes, peuvent élire
un millionnaire noir capitaliste et chauvin à la place d’un milliardaire blanc capitaliste et nationaliste.
Ici, en fait, blanc signifie plutôt riche et de bonne société. La couleur de peau importe évidemment, mais moins que la garantie d’une naissance de qualité, selon les termes de l’éternel futur retraité Le Pen. Obama est-il digne de l’élite américaine, celle des grandes fortunes assez anciennes pour être assimilées à une sorte d’aristocratie ? Si j’étais noir, je me sentirais insulté si on pensait de moi qu’entre un noir et un blanc, je choisirais le noir car il me ressemble plus. J’aurais l’impression qu’on me met au même niveau qu’un petit blanc raciste. Je pense que pour un noir américain, c’est pareil. Il n’aime pas le petit blanc raciste, mais il n’aime pas trop non plus le lettré noir qui espère se servir de son bulletin comme marchepied pour être élu et continuer une politique conservatrice qui l’enverra au chômage ou à la rue, comme son voisin petit blanc raciste.
La question pertinente est celle là : existe-il une fraternité noire, supérieure à une fraternité blanche ? Il n’y a qu’à voir le spectacle de la désunion européenne pour constater qu’il n’y a pas de fraternité blanche. Il n’y a que des accords d’intérêts financiers, qui peuvent vite dégénérer en conflit comme on l’a vu récemment avec la Géorgie. Il est dangereux de baser une union Africaine sur un critère racial, au lieu d’avoir la volonté de réussir là où l’Europe a échoué, la construction d’une internationale solidaire. Quant aux USA, l’élection d’Obama permettrait-elle d’infléchir la politique xénophobe du couple Sarkozy/Hortefeux ? Si oui, alors votez Obama, yankees !
Jean-Yves D., Gard (30), France.