Le Raid (Attac-Tunisie) a été constitué à la suite des rencontres internationales organisées par Attac à Paris, en juin dernier. Depuis, le Raid n'a cessé de développer son action et d'étendre son influence, et cela malgré l'hostilité des autorités tunisiennes à son égard. Nous avons rencontré Fathi Chamkhi, président du Raid, récemment libéré.
- Après un mois d'emprisonnement avec Mohamed Chourabi et Iheb El Heni, comment vivez-vous votre libération?
Fathi Chamkhi - D'abord, c'est un sentiment de soulagement et de joie qui nous a envahis à la fin de cette dure épreuve. En effet, l'enfer carcéral tunisien est à la limite de ce que peut supporter un être humain. C'est ensuite le bonheur d'être de nouveau parmi les siens; retrouver nos familles, notre travail, nos amis... La prison nous avait privés brutalement de tout cela et toute relation avec le monde extérieur était désormais limitée à une très courte visite hebdomadaire avec la famille la plus proche, dans des conditions déplorables. Et surtout, malgré les souffrances endurées, nous sommes fiers d'avoir contribué à faire reculer l'arbitraire. Mais il reste beaucoup à faire et je ne peux oublier le millier de prisonniers politiques et tous ceux qui croupissent encore dans des conditions parfois plus terribles que celles que j'ai vécues.
- Que représente cette victoire pour le Raid et pour tout le mouvement démocratique tunisien?
F. Chamkhi - Notre libération est sans aucun doute une victoire pour notre association, ainsi que pour tous les militants de la liberté en Tunisie et pour tous ceux qui, en France, en Suisse, en Belgique, au Maroc, au Canada et ailleurs, nous ont soutenus dans cette épreuve.
Nous avons fait reculer la dictature. Le fait d'avoir contraint le pouvoir à nous libérer de prison dans une affaire politique de ce genre est en soi quelque chose d'important. Même, bien sûr, si notre victoire n'est que partielle: le Raid n'a toujours pas reçu l'agrément légal et les charges retenues contre nous sont maintenues. A ma connaissance, jamais auparavant des prisonniers d'opinion n'ont été libérés avant d'avoir été jugés et d'avoir passé une assez longue période d'emprisonnement. Il faut aussi appréhender cette victoire comme faisant partie d'une série d'autres victoires, telles que la restitution de leurs passeports à des opposants notoires comme le journaliste Taoufik Ben Brik et le porte-parole du CNLT, Moncef Marzouki. D'autres concessions significatives ont été faites: ainsi une réunion publique ayant rassemblé plusieurs centaines de démocrates a pu se tenir à Tunis à l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse.
- Quelles sont les prochaines échéances qui attendent le Raid?
F. Chamkhi - Tous nos efforts sont déjà concentrés sur la préparation du contre-sommet de Barcelone iv en novembre prochain à Marseille. Nous travaillons en collaboration avec Attac-France et Attac-Maroc et des contacts sont en cours pour intégrer dans l'équipe de travail des groupes d'autres pays méditerranéens comme l'Algérie, l'Egypte, l'Italie ou la Grèce... Nous comptons à cette occasion proposer un bilan critique des accords de libre-échange entre l'Europe et les pays du Maghreb (la Tunisie et le Maroc ont déjà ratifié de tels accords) et proposer une alternative, c'est-à-dire un autre projet de partenariat qui ait pour perspective de répondre aux besoins des populations du Sud et du Nord. Nous avons également des travaux en chantier concernant le problème de la dette extérieure ou bien le dossier des privatisations en Tunisie; essentiellement après le coup d'accélérateur qui a été donné à ce processus depuis 1996 et qui a abouti notamment à liquider des centrales électriques et l'ensemble des cimenteries. Nous poursuivons par ailleurs la campagne pour la reconnaissance légale du Raid.
Propos recueillis par Ali Abdallah
- Après un mois d'emprisonnement avec Mohamed Chourabi et Iheb El Heni, comment vivez-vous votre libération?
Fathi Chamkhi - D'abord, c'est un sentiment de soulagement et de joie qui nous a envahis à la fin de cette dure épreuve. En effet, l'enfer carcéral tunisien est à la limite de ce que peut supporter un être humain. C'est ensuite le bonheur d'être de nouveau parmi les siens; retrouver nos familles, notre travail, nos amis... La prison nous avait privés brutalement de tout cela et toute relation avec le monde extérieur était désormais limitée à une très courte visite hebdomadaire avec la famille la plus proche, dans des conditions déplorables. Et surtout, malgré les souffrances endurées, nous sommes fiers d'avoir contribué à faire reculer l'arbitraire. Mais il reste beaucoup à faire et je ne peux oublier le millier de prisonniers politiques et tous ceux qui croupissent encore dans des conditions parfois plus terribles que celles que j'ai vécues.
- Que représente cette victoire pour le Raid et pour tout le mouvement démocratique tunisien?
F. Chamkhi - Notre libération est sans aucun doute une victoire pour notre association, ainsi que pour tous les militants de la liberté en Tunisie et pour tous ceux qui, en France, en Suisse, en Belgique, au Maroc, au Canada et ailleurs, nous ont soutenus dans cette épreuve.
Nous avons fait reculer la dictature. Le fait d'avoir contraint le pouvoir à nous libérer de prison dans une affaire politique de ce genre est en soi quelque chose d'important. Même, bien sûr, si notre victoire n'est que partielle: le Raid n'a toujours pas reçu l'agrément légal et les charges retenues contre nous sont maintenues. A ma connaissance, jamais auparavant des prisonniers d'opinion n'ont été libérés avant d'avoir été jugés et d'avoir passé une assez longue période d'emprisonnement. Il faut aussi appréhender cette victoire comme faisant partie d'une série d'autres victoires, telles que la restitution de leurs passeports à des opposants notoires comme le journaliste Taoufik Ben Brik et le porte-parole du CNLT, Moncef Marzouki. D'autres concessions significatives ont été faites: ainsi une réunion publique ayant rassemblé plusieurs centaines de démocrates a pu se tenir à Tunis à l'occasion de la journée internationale de la liberté de la presse.
- Quelles sont les prochaines échéances qui attendent le Raid?
F. Chamkhi - Tous nos efforts sont déjà concentrés sur la préparation du contre-sommet de Barcelone iv en novembre prochain à Marseille. Nous travaillons en collaboration avec Attac-France et Attac-Maroc et des contacts sont en cours pour intégrer dans l'équipe de travail des groupes d'autres pays méditerranéens comme l'Algérie, l'Egypte, l'Italie ou la Grèce... Nous comptons à cette occasion proposer un bilan critique des accords de libre-échange entre l'Europe et les pays du Maghreb (la Tunisie et le Maroc ont déjà ratifié de tels accords) et proposer une alternative, c'est-à-dire un autre projet de partenariat qui ait pour perspective de répondre aux besoins des populations du Sud et du Nord. Nous avons également des travaux en chantier concernant le problème de la dette extérieure ou bien le dossier des privatisations en Tunisie; essentiellement après le coup d'accélérateur qui a été donné à ce processus depuis 1996 et qui a abouti notamment à liquider des centrales électriques et l'ensemble des cimenteries. Nous poursuivons par ailleurs la campagne pour la reconnaissance légale du Raid.
Propos recueillis par Ali Abdallah