
« Moi la tête, vous les jambes. Vous d’accord ? ». C’est ainsi que s’exprime le président Sarkozy dans une caricature publiée sur le blog du Tunisien About Malek Khadroaoui. Elle fait allusion aux propos suivants, tenus par Nicolas Sarkozy en Tunisie fin avril 2008: « Vous avez une main-d’œuvre qui ne demande qu’à être formée. (…) Nous avons beaucoup d’intelligence et beaucoup de formation. » (Sic) Sans même essayer de prendre des gants et de s’adresser à son public tunisien « sur un pied d’égalité » – ne serait ce que pour la forme – Sarkozy avait prononcé un discours une fois de plus rédigé par son tristement célèbre conseiller Henri Guiano. Le même qui avait déjà rédigé le discours de Dakar.
L’ « Union pour la Méditer-ranée » (UPM), grand projet sarkozyen s’il en est, verra officiellement le jour à Paris le 13 juillet 2008. Le régime tunisien est appelé à jouer un rôle de pilier au sein de la nouvelle « Union ». C’est à Tunis qui sera basé le siège des institutions de la future UPM. Sarkozy n’était pas seulement arrivé à Tunis pour renforcer le régime dans son rôle de pivot de la future « Union », mais aussi pour rafler quelques gros contrats « dès sa descente d’avion », comme l’a résumé Libération dans un article sur le premier jour de sa visite. Depuis janvier 2008 est en vigueur un accord de libre-échange entre l’Union européenne et la Tunisie, garantissant la libre circulation des biens industriels. Alors que des pans entiers de l’économie locale sont menacés de ruine, n’étant pas « compétitifs » vis-à-vis des produits venant du Nord, la Tunisie attire en même temps des investissements dans des secteurs « de niche ». Des centres d’appel, où des jeunes (souvent bardé/e/s de diplômes) sont employés à des salaires ridicules pour effectuer une activité monotone et stressante, ou certains fournisseurs de l’industrie automobile s’établissent en Tunisie mais sont tournés vers le marché européen. S’y ajoute le tourisme, dont l’économie du pays reste largement tributaire.

Bertold de Yon