Les élections législatives algériennes ont été marquées par une abstention massive.
Les Algériens ont transformé les élections législatives en référendum sur les politiques antisociales menées depuis des années. En s'abstenant, ils ont dit non à près de 54 %. La Kabylie, avec 1,8 % de participation à Béjaïa et 2,8 % à Tizi Ouzou, n'a pas voté, confirmant la radicalité de sa révolte.
La défiance et la mobilisation de cette dernière année, jalonnée de grèves et d'émeutes sociales à travers le pays, a de toute évidence empêché les traditionnelles grossières manipulations des chiffres : c'est le taux de participation le plus faible depuis l'indépendance.
La campagne électorale avait été bien terne et les meetings très peu fréquentés.
Le bilan de l'Assemblée sortante, qui a cautionné, entre autres, la liquidation des entreprises d'Etat, la levée des faibles barrières douanières qui protégeaient l'industrie algérienne, le vote de salaires et de privilèges exorbitants pour les députés et les sénateurs, a renforcé le rejet de toute représentation parlementaire.
Suite à la crise en Kabylie, les partis de la coalition gouvernementale, islamistes du Mouvement de la société populaire (MSP) de Mahfoud Nahnah compris, étaient les principaux candidats. Le Mouvement pour le renouveau national (MRN) de Djaballah, le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune et d'autres formations moins connues, ont été la caution pluraliste bien faible d'un scrutin qui n'inspirait aucun espoir.
La majorité absolue qu'obtient le FLN n'est pas une surprise. Le parti du Président a bénéficié de l'abstention des contestataires. Mais les votes exprimés en sa faveur ne représentent que 14,68 % du corps électoral. Le Rassemblement national et démocratique (RND), parti né en 1997, majoritaire à l'Assemblée précédente grâce à la fraude, s'est effondré. Il paie le prix de la corruption de ses représentants, de leur gestion catastrophique dans les localités et de l'image libérale, autoritaire de son chef, l'ancien ministre Ouyahia.
Les islamistes ont reculé, même si le deuxième parti par le nombre de voix est le MRN, qui maintient une ligne critique vis-à-vis du pouvoir et des islamistes modérés d'Ennahda et du MSP. La loi électorale, proportionnelle wilayale (départementale), l'a relégué à la troisième place en nombre de députés, le RND obtenant neuf sièges de plus avec moins de voix.
Le PT remporte 21 sièges avec 246 000 voix. Louisa Hanoune a mené la seule campagne antilibérale. Mais le rôle qu'elle a joué dans le conflit qui opposait la Kabylie au pouvoir central est indigne. Elle martèle que le mouvement des jeunes est " préfabriqué " et affirme, comme le ministre de l'Intérieur, que c'est la violence du boycott qui a empêché la population de voter dans la région. Son intervention a été clairement entendue comme un appel à s'opposer au boycott de la Kabylie. En France, elle remporte un siège sur les deux qui représentent l'émigration, mais en Kabylie, elle obtient trois sièges grâce aux voix des corps constitués (police, armée, gendarmerie). Louisa Hanoune a néanmoins annoncé qu'elle n'accepterait pas de participer au futur gouvernement.
Bouteflika aura la majorité nécessaire à ses projets de bradage et une opposition affaiblie comme caution démocratique. Mais il a sur les bras la crise de Kabylie, le mécontentement des masses qui croulent sous le poids de la misère et du chômage. Et ce n'est pas l'appui des Etats-Unis ou de l'Union européenne qui le sauvera de la colère qui s'étend.
Malika Aïche
Rouge 6 juin 2002
Les Algériens ont transformé les élections législatives en référendum sur les politiques antisociales menées depuis des années. En s'abstenant, ils ont dit non à près de 54 %. La Kabylie, avec 1,8 % de participation à Béjaïa et 2,8 % à Tizi Ouzou, n'a pas voté, confirmant la radicalité de sa révolte.
La défiance et la mobilisation de cette dernière année, jalonnée de grèves et d'émeutes sociales à travers le pays, a de toute évidence empêché les traditionnelles grossières manipulations des chiffres : c'est le taux de participation le plus faible depuis l'indépendance.
La campagne électorale avait été bien terne et les meetings très peu fréquentés.
Le bilan de l'Assemblée sortante, qui a cautionné, entre autres, la liquidation des entreprises d'Etat, la levée des faibles barrières douanières qui protégeaient l'industrie algérienne, le vote de salaires et de privilèges exorbitants pour les députés et les sénateurs, a renforcé le rejet de toute représentation parlementaire.
Suite à la crise en Kabylie, les partis de la coalition gouvernementale, islamistes du Mouvement de la société populaire (MSP) de Mahfoud Nahnah compris, étaient les principaux candidats. Le Mouvement pour le renouveau national (MRN) de Djaballah, le Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune et d'autres formations moins connues, ont été la caution pluraliste bien faible d'un scrutin qui n'inspirait aucun espoir.
La majorité absolue qu'obtient le FLN n'est pas une surprise. Le parti du Président a bénéficié de l'abstention des contestataires. Mais les votes exprimés en sa faveur ne représentent que 14,68 % du corps électoral. Le Rassemblement national et démocratique (RND), parti né en 1997, majoritaire à l'Assemblée précédente grâce à la fraude, s'est effondré. Il paie le prix de la corruption de ses représentants, de leur gestion catastrophique dans les localités et de l'image libérale, autoritaire de son chef, l'ancien ministre Ouyahia.
Les islamistes ont reculé, même si le deuxième parti par le nombre de voix est le MRN, qui maintient une ligne critique vis-à-vis du pouvoir et des islamistes modérés d'Ennahda et du MSP. La loi électorale, proportionnelle wilayale (départementale), l'a relégué à la troisième place en nombre de députés, le RND obtenant neuf sièges de plus avec moins de voix.
Le PT remporte 21 sièges avec 246 000 voix. Louisa Hanoune a mené la seule campagne antilibérale. Mais le rôle qu'elle a joué dans le conflit qui opposait la Kabylie au pouvoir central est indigne. Elle martèle que le mouvement des jeunes est " préfabriqué " et affirme, comme le ministre de l'Intérieur, que c'est la violence du boycott qui a empêché la population de voter dans la région. Son intervention a été clairement entendue comme un appel à s'opposer au boycott de la Kabylie. En France, elle remporte un siège sur les deux qui représentent l'émigration, mais en Kabylie, elle obtient trois sièges grâce aux voix des corps constitués (police, armée, gendarmerie). Louisa Hanoune a néanmoins annoncé qu'elle n'accepterait pas de participer au futur gouvernement.
Bouteflika aura la majorité nécessaire à ses projets de bradage et une opposition affaiblie comme caution démocratique. Mais il a sur les bras la crise de Kabylie, le mécontentement des masses qui croulent sous le poids de la misère et du chômage. Et ce n'est pas l'appui des Etats-Unis ou de l'Union européenne qui le sauvera de la colère qui s'étend.
Malika Aïche
Rouge 6 juin 2002