Ce qui se passe en Algérie nous interpelle directement. Toute une jeunesse se lance, depuis des semaines, à l'assaut d'un pouvoir dictatorial autant que corrompu.Malgré une répression meurtrière, ce derniervacille sous la poussée d'une insurrection populaire qui, partie de Kabylie, tend à gagner l'ensemble du pays etne connaîtra manifestement aucune trêve estivale, du moins avant plusieurs semaines. Loin de tomber, comme on pouvaitencore le redouter dans un passé récent, dans l'escarcellede l'intégrisme, ce mouvement lie étroitement l'exigencede démocratie et l'aspiration à la justice sociale (voir page 13).
Devant pareil enjeu, qui dessine en pointillé un autreavenir possible pour l'ensemble des populations du Maghreb, lapassivité de la gauche française, du mouvement syndical,des associations démocratiques n'a que trop duré. Comment en effet oublier que la France, qui se proclame volontiers patrie des droits de l'Homme, a une dette colossale, une dettede sang, envers le peuple algérien?
Les crimes du colonialisme, qui reviennent dans toute leur monstruositésur le devant de la scène, sont les premiers responsablesdu type de régime qui s'établit en Algériepeu après l'indépendance officielle. Les rapportsétroits, économiquement juteux et politiquementintéressés, que n'a cessé d'entretenir l'anciennemétropole avec les généraux et les hiérarquesd'Alger, ont joué un rôle déterminant pourbarrer au peuple la route de la liberté et d'une authentiquesouveraineté. Signes d'une complicité jamais démentie, Jacques Chirac et Lionel Jospin auront récemment mis lespetits plats dans les grands pour accueillir le président Bouteflika, et ils seront allés jusqu'à expédierune éminence ministérielle, en l'occurrence François Huwart, pour inaugurer la Foire d'Alger à l'instant précis où la soldatesque interdisait la rue à plus d'un million de manifestants.
Voilà plus de raisons qu'il n'en faut de construire une vaste mobilisation unitaire, qui cesse de laisser la communauté kabyle assumer seule le soutien au soulèvement des Algériens pour leurs droits fondamentaux. Une grande manifestation s'impose, à Paris, dans les jours prochains.
Christian Picquet
Rouge juillet 2002
Devant pareil enjeu, qui dessine en pointillé un autreavenir possible pour l'ensemble des populations du Maghreb, lapassivité de la gauche française, du mouvement syndical,des associations démocratiques n'a que trop duré. Comment en effet oublier que la France, qui se proclame volontiers patrie des droits de l'Homme, a une dette colossale, une dettede sang, envers le peuple algérien?
Les crimes du colonialisme, qui reviennent dans toute leur monstruositésur le devant de la scène, sont les premiers responsablesdu type de régime qui s'établit en Algériepeu après l'indépendance officielle. Les rapportsétroits, économiquement juteux et politiquementintéressés, que n'a cessé d'entretenir l'anciennemétropole avec les généraux et les hiérarquesd'Alger, ont joué un rôle déterminant pourbarrer au peuple la route de la liberté et d'une authentiquesouveraineté. Signes d'une complicité jamais démentie, Jacques Chirac et Lionel Jospin auront récemment mis lespetits plats dans les grands pour accueillir le président Bouteflika, et ils seront allés jusqu'à expédierune éminence ministérielle, en l'occurrence François Huwart, pour inaugurer la Foire d'Alger à l'instant précis où la soldatesque interdisait la rue à plus d'un million de manifestants.
Voilà plus de raisons qu'il n'en faut de construire une vaste mobilisation unitaire, qui cesse de laisser la communauté kabyle assumer seule le soutien au soulèvement des Algériens pour leurs droits fondamentaux. Une grande manifestation s'impose, à Paris, dans les jours prochains.
Christian Picquet
Rouge juillet 2002