Radhia Nasraoui, militante des droits de l’Homme et célèbre avocate de tous les prisonniers d’opinion en Tunisie, est entrée, le 16 juillet 2002, dans sa quatrième semaine de grève de la faim...
Le 26 juin, Radhia Nasraoui a décidé de recourir à la grève de la faim illimitée pour protester contre les atteintes à son droit de visite à son mari, l’opposant tunisien Hamma Hammami, condamné en mars 2002 à trois ans et deux mois de prison, après quatre ans passés dans la clandestinité. Elle entendait par cette action désespérée exiger la libération immédiate de son mari et protester contre les harcèlements dont ses trois filles et elle n’ont cessé de faire l‘objet depuis plusieurs années.
Malgré l’approche des vacances d’été et l’ambiance morose qui a suivi en Tunisie le référendum plébiscite du 26 mai dernier, un grand élan de solidarité a entouré l’action de l’avocate. A Tunis, toutes les associations indépendantes et plusieurs partis d’opposition - y compris légaux - lui ont rendu visite à son domicile où elle observe sa grève de la faim. Depuis lundi 22 juillet, des grèves de la faim tournantes s’organisent chez elle pour appuyer son action et ses revendications. En France également, une campagne de solidarité a vu le jour à travers notamment une distribution de cartes postales dans les aéroports parisiens desservant Tunis, une série de réunions publiques et une action coup de poing le 17 juillet, lors de laquelle des militants ont bloqué la circulation avenue de l’Opéra en face de l’office de tourisme tunisien, s’allongeant sur le bitume, pour attirer l’attention sur l’absence de libertés en Tunisie.
En dépit de cette solidarité qui ne cesse de s’affirmer et malgré la dégradation inquiétante de l’état de santé de Radhia, le pouvoir tunisien semble sourd et autiste. Rien d’étonnant à cela, Ben Ali n’a jamais facilement cédé. Il a toujours fallu une grande mobilisation nationale et internationale pour lui arracher la moindre concession, qu’il ne tarde jamais à fragiliser ou trahir par la suite. En témoigne la récurrence des procès d’opinion, du harcèlement policier, des violations grotesques des droits démocratiques les plus élémentaires qui s’abattent sur les militants du mouvement démocratique. Sans oublier les 1 000 prisonniers politiques qui croupissent toujours dans les prisons tunisiennes et dont certains vivent en isolement depuis douze ans, comme c’est le cas de l’un des dirigeants du parti islamiste tunisien Ennahda, Ali Laraïdh.
Il y a, en effet, longtemps que la logique sécuritaire s’est substituée en Tunisie à toute logique politique. Une de ses récentes illustrations a été le score de 99,52 % annoncé à l’issue du référendum du 26 mai dernier, "autorisant" Ben Ali à se représenter encore deux fois à la présidence et lui accordant l’impunité à vie. Cette nouvelle manoeuvre a été facilitée par la conjoncture ouverte par les événements du 11 septembre.
En effet, le renforcement des politiques sécuritaires, au Nord comme au Sud, le renforcement des coordinations policières en Méditerranée, l’érection de la "lutte contre le terrorisme" au rang de nouvelle pensée unique, renforcent la marge de manoeuvre du dictateur Ben Ali. La réapparition depuis le 11 septembre en Tunisie de procès orchestrés par des tribunaux militaires, notamment contre des jeunes tunisiens livrés, souvent au mépris des conventions internationales en matière de droits de l’Homme, par les autorités italiennes et des pays "frères", témoigne de l’acharnement des autorités tunisiennes à exhiber leur adhésion active aux nouvelles exigences post-11 septembre. Pourtant, alors que les autorités crient depuis quatorze ans au complot terroriste islamiste, au premier vrai attentat (celui du mois d’avril contre la synagogue de Djerba), elles ont hésité plus de dix jours pour enfin admettre que c’en était un. On peut y voir le signe de la faiblesse du régime de Ben Ali, son incapacité à gérer les situations de crise. Alors, renforçons notre solidarité à Radhia Nasraoui et exigeons avec elle le droit à la vie, à la citoyenneté et à la liberté en Tunisie.
Olfa Tlili
- Pour soutenir ce combat, envoyer vos lettres à: nasraouira@netcourrier.com.
Le 26 juin, Radhia Nasraoui a décidé de recourir à la grève de la faim illimitée pour protester contre les atteintes à son droit de visite à son mari, l’opposant tunisien Hamma Hammami, condamné en mars 2002 à trois ans et deux mois de prison, après quatre ans passés dans la clandestinité. Elle entendait par cette action désespérée exiger la libération immédiate de son mari et protester contre les harcèlements dont ses trois filles et elle n’ont cessé de faire l‘objet depuis plusieurs années.
Malgré l’approche des vacances d’été et l’ambiance morose qui a suivi en Tunisie le référendum plébiscite du 26 mai dernier, un grand élan de solidarité a entouré l’action de l’avocate. A Tunis, toutes les associations indépendantes et plusieurs partis d’opposition - y compris légaux - lui ont rendu visite à son domicile où elle observe sa grève de la faim. Depuis lundi 22 juillet, des grèves de la faim tournantes s’organisent chez elle pour appuyer son action et ses revendications. En France également, une campagne de solidarité a vu le jour à travers notamment une distribution de cartes postales dans les aéroports parisiens desservant Tunis, une série de réunions publiques et une action coup de poing le 17 juillet, lors de laquelle des militants ont bloqué la circulation avenue de l’Opéra en face de l’office de tourisme tunisien, s’allongeant sur le bitume, pour attirer l’attention sur l’absence de libertés en Tunisie.
En dépit de cette solidarité qui ne cesse de s’affirmer et malgré la dégradation inquiétante de l’état de santé de Radhia, le pouvoir tunisien semble sourd et autiste. Rien d’étonnant à cela, Ben Ali n’a jamais facilement cédé. Il a toujours fallu une grande mobilisation nationale et internationale pour lui arracher la moindre concession, qu’il ne tarde jamais à fragiliser ou trahir par la suite. En témoigne la récurrence des procès d’opinion, du harcèlement policier, des violations grotesques des droits démocratiques les plus élémentaires qui s’abattent sur les militants du mouvement démocratique. Sans oublier les 1 000 prisonniers politiques qui croupissent toujours dans les prisons tunisiennes et dont certains vivent en isolement depuis douze ans, comme c’est le cas de l’un des dirigeants du parti islamiste tunisien Ennahda, Ali Laraïdh.
Il y a, en effet, longtemps que la logique sécuritaire s’est substituée en Tunisie à toute logique politique. Une de ses récentes illustrations a été le score de 99,52 % annoncé à l’issue du référendum du 26 mai dernier, "autorisant" Ben Ali à se représenter encore deux fois à la présidence et lui accordant l’impunité à vie. Cette nouvelle manoeuvre a été facilitée par la conjoncture ouverte par les événements du 11 septembre.
En effet, le renforcement des politiques sécuritaires, au Nord comme au Sud, le renforcement des coordinations policières en Méditerranée, l’érection de la "lutte contre le terrorisme" au rang de nouvelle pensée unique, renforcent la marge de manoeuvre du dictateur Ben Ali. La réapparition depuis le 11 septembre en Tunisie de procès orchestrés par des tribunaux militaires, notamment contre des jeunes tunisiens livrés, souvent au mépris des conventions internationales en matière de droits de l’Homme, par les autorités italiennes et des pays "frères", témoigne de l’acharnement des autorités tunisiennes à exhiber leur adhésion active aux nouvelles exigences post-11 septembre. Pourtant, alors que les autorités crient depuis quatorze ans au complot terroriste islamiste, au premier vrai attentat (celui du mois d’avril contre la synagogue de Djerba), elles ont hésité plus de dix jours pour enfin admettre que c’en était un. On peut y voir le signe de la faiblesse du régime de Ben Ali, son incapacité à gérer les situations de crise. Alors, renforçons notre solidarité à Radhia Nasraoui et exigeons avec elle le droit à la vie, à la citoyenneté et à la liberté en Tunisie.
Olfa Tlili
- Pour soutenir ce combat, envoyer vos lettres à: nasraouira@netcourrier.com.