L'Etat français apporte un soutien sans faille à Gbagbo. Les populations ivoiriennes ne sont en rien consultées sur l'avenir qu'elles souhaitent pour leur pays.
On prend les mêmes et on recommence. Il ne pouvait rien sortir d'autre de ce "conclave" où Chirac et Villepin "convoquaient" les partis ivoiriens sans que la société civile ou le peuple ivoirien n'ait droit au chapitre. Le président Gbagbo est confirmé dans son pouvoir, assuré jusqu'en 2005 de ne pas avoir à affronter son peuple dans des élections anticipées. Il sera flanqué d'un Premier ministre, dont l'identité "sera arrêtée en tête-à-tête entre Chirac et Gbago" (Le Monde, 21 janvier) ! Non content des pouvoirs déjà exorbitants que la Ve République accorde au Président en France, Chirac s'octroie désormais le droit de nommer un Premier ministre ivoirien. Bien entendu, il sera membre, ou proche, du PDCI, l'ancien parti unique d'Houphouët-Boigny et de Konan Bédié, qui fut pendant des années le serviteur de l'Etat français, mais aussi le relais des intérêts gaullistes jusque dans le blanchiment des "affaires" de la mairie de Paris. Il n'y a donc aucune chance pour que ce processus débouche sur une issue pacifique et démocratique. Quand les opposants à Gbagbo, menacés et pourchassés à Abidjan, appellent à manifester, la réponse du ministre de la Défense est éloquente : "s'ils manifestent, je lâche les militaires à leurs trousses et je les gaze."
Pourtant, en France, les soutiens à Gbagbo se sont multipliés à gauche. On retrouve les habitués des réseaux africains du PS, mais aussi Emmanuelli et Mélenchon. Leur Nouveau Monde ressemble déjà furieusement à l'ancien... Soutenir Gbagbo quand il lâche ses gendarmes, organise des milices, recrute des mercenaires, c'est le conforter dans sa volonté de se maintenir à tout prix. De son côté, l'Humanité du 16 janvier ressort la vieille fable d'un "camp progressiste" qui serait incarné en Afrique par le régime Angolais et celui de Gbagbo, au prix d'un aveuglement face à la dérive autoritaire et ethniciste de l'ancien opposant ivoirien. Quant à l'Angola, il y a bien longtemps que l'ancien mouvement de libération a opéré sa mue après 30 ans de pouvoir.
La gauche française devrait plutôt réfléchir au sort d'un militant ivoirien, Raymond Yoro Bi, vice-président d'Attac-Côte-d'Ivoire, membre du CADTM, dirigeant du Mouvement ivoirien des droits de la jeunesse, il participait au deuxième Forum social africain, à Addis Abéba, en Ethiopie, début janvier. Parce qu'il s'est exprimé sur la situation en Côte-d'Ivoire, des dirigeants du FPI, parti de Gbagbo, ont donné comme consigne aux forces de l'ordre ivoiriennes de l'arrêter dès son retour au pays. Yoro Bi affirme que sa vie est en danger, et lance un appel pour sa protection. Ce sont les militants comme lui, actifs dans la société civile, les associations, les syndicats, résistant aux dérives du pouvoir et aux tenants de la guerre civile dans les deux camps, qui ont besoin du soutien des organisations françaises altermondialistes.
Alain Mathieu.
Rouge 23/01/2003
On prend les mêmes et on recommence. Il ne pouvait rien sortir d'autre de ce "conclave" où Chirac et Villepin "convoquaient" les partis ivoiriens sans que la société civile ou le peuple ivoirien n'ait droit au chapitre. Le président Gbagbo est confirmé dans son pouvoir, assuré jusqu'en 2005 de ne pas avoir à affronter son peuple dans des élections anticipées. Il sera flanqué d'un Premier ministre, dont l'identité "sera arrêtée en tête-à-tête entre Chirac et Gbago" (Le Monde, 21 janvier) ! Non content des pouvoirs déjà exorbitants que la Ve République accorde au Président en France, Chirac s'octroie désormais le droit de nommer un Premier ministre ivoirien. Bien entendu, il sera membre, ou proche, du PDCI, l'ancien parti unique d'Houphouët-Boigny et de Konan Bédié, qui fut pendant des années le serviteur de l'Etat français, mais aussi le relais des intérêts gaullistes jusque dans le blanchiment des "affaires" de la mairie de Paris. Il n'y a donc aucune chance pour que ce processus débouche sur une issue pacifique et démocratique. Quand les opposants à Gbagbo, menacés et pourchassés à Abidjan, appellent à manifester, la réponse du ministre de la Défense est éloquente : "s'ils manifestent, je lâche les militaires à leurs trousses et je les gaze."
Pourtant, en France, les soutiens à Gbagbo se sont multipliés à gauche. On retrouve les habitués des réseaux africains du PS, mais aussi Emmanuelli et Mélenchon. Leur Nouveau Monde ressemble déjà furieusement à l'ancien... Soutenir Gbagbo quand il lâche ses gendarmes, organise des milices, recrute des mercenaires, c'est le conforter dans sa volonté de se maintenir à tout prix. De son côté, l'Humanité du 16 janvier ressort la vieille fable d'un "camp progressiste" qui serait incarné en Afrique par le régime Angolais et celui de Gbagbo, au prix d'un aveuglement face à la dérive autoritaire et ethniciste de l'ancien opposant ivoirien. Quant à l'Angola, il y a bien longtemps que l'ancien mouvement de libération a opéré sa mue après 30 ans de pouvoir.
La gauche française devrait plutôt réfléchir au sort d'un militant ivoirien, Raymond Yoro Bi, vice-président d'Attac-Côte-d'Ivoire, membre du CADTM, dirigeant du Mouvement ivoirien des droits de la jeunesse, il participait au deuxième Forum social africain, à Addis Abéba, en Ethiopie, début janvier. Parce qu'il s'est exprimé sur la situation en Côte-d'Ivoire, des dirigeants du FPI, parti de Gbagbo, ont donné comme consigne aux forces de l'ordre ivoiriennes de l'arrêter dès son retour au pays. Yoro Bi affirme que sa vie est en danger, et lance un appel pour sa protection. Ce sont les militants comme lui, actifs dans la société civile, les associations, les syndicats, résistant aux dérives du pouvoir et aux tenants de la guerre civile dans les deux camps, qui ont besoin du soutien des organisations françaises altermondialistes.
Alain Mathieu.
Rouge 23/01/2003