Procès et condamnations en cascade visant la presse continuent en Algérie. Ce sont désormais quatre journalistes ou directeurs de journaux qui sont incarcérés.
Si, au début de son offensive, le pouvoir algérien pouvait se targuer de n'être en rien mêlé à ce qu'il affirme n'être que des affaires de droit commun - le directeur du quotidien Le Matin a été condamné au prétexte de fraude fiscale -, l'attaque prend désormais une tournure ouvertement politique, des dizaines de plaintes pour "diffamation à corps constitués" émanant des ministères et de préfectures pleuvent sur les rédactions algériennes, balayant tout le champ médiatique, des anciens "éradicateurs" à d'anciens islamistes. La chaîne arabe Al Jazira s'est quant à elle vu signifier la suspension de ses activités en Algérie.
Le régime, en pleine fuite en avant affairiste et autoritaire, ne veut désormais plus s'accommoder de la "vitrine démocratique" que lui offrait jusqu'ici une presse qui désormais gêne ses intérêts et ceux des mafias qui le soutiennent. Une journaliste du Matin risque de payer cher la révélation de pratiques généralisés de la torture dans les gendarmeries des Aurès en pleine affaire Abou Ghrib et en écho aux félicitations du gouvernement algérien par l'administration Bush - pour ses efforts déployés en matière de lutte antiterroriste. Mais à la répression venue d'en haut, se mêle, celle, tout aussi redoutable, des mafias et administrations locales. Ce pouvoir protéiforme, rassemblant notables, chefs des milices, hommes d'affaires véreux et membres des services de sécurité, a prospéré pendant les années de guerre civile au point d'installer de véritables féodalités ; toute enquête visant ses intérêts se heurte désormais à une répression brutale.
Trois des quatre journalistes incarcérés le sont suite à des dénonciations de scandales et affaires de corruption visant les élites locales. La protection toute relative dont peuvent jouir les journalistes algérois masque à ce sujet l'extrême précarité des correspondants locaux et autres pigistes, livrés à eux-mêmes face à l'arbitraire de pouvoirs "régionaux" qui ne s'embarrassent pas toujours de se doter d'un vernis judiciaire, dès lors qu'il s'agit de réduire au silence un "gêneur". Menaces et agressions physiques sont le lot des journalites, et parfois, la mort au bout du chemin, comme ce fut le cas pour le correspondant de la ville de Tebessa du journal d'El Watan, Abdelhai Beliardouh, suicidé l'année dernière après avoir été enlevé, séquestré et agressé par des fonctionnaires territoriaux et les nervis du président de la chambre de commerce locale, qu'il avait mis en cause dans une affaire de blanchiment d'argent.
L'offensive contre la presse, la répression quotidienne des mouvements de révolte de jeunes et de chômeurs, combinées à l'aggravation de la pauvreté viennent contrebalancer l'image idyllique que cherche à renvoyer le régime algérien à l'opinion internationale, en se targuant d'avoir pacifié le pays et réinstallé un processus démocratique. Entre mafias, misère et institutions vérolées, l'Algérie reste plus que jamais un Etat de non-droit, cautionné par de puissants amis (France et Etats-Unis en tête).
Madjid Almaty
- Pour toute information :.
Rouge 2072 08/07/2004
Si, au début de son offensive, le pouvoir algérien pouvait se targuer de n'être en rien mêlé à ce qu'il affirme n'être que des affaires de droit commun - le directeur du quotidien Le Matin a été condamné au prétexte de fraude fiscale -, l'attaque prend désormais une tournure ouvertement politique, des dizaines de plaintes pour "diffamation à corps constitués" émanant des ministères et de préfectures pleuvent sur les rédactions algériennes, balayant tout le champ médiatique, des anciens "éradicateurs" à d'anciens islamistes. La chaîne arabe Al Jazira s'est quant à elle vu signifier la suspension de ses activités en Algérie.
Le régime, en pleine fuite en avant affairiste et autoritaire, ne veut désormais plus s'accommoder de la "vitrine démocratique" que lui offrait jusqu'ici une presse qui désormais gêne ses intérêts et ceux des mafias qui le soutiennent. Une journaliste du Matin risque de payer cher la révélation de pratiques généralisés de la torture dans les gendarmeries des Aurès en pleine affaire Abou Ghrib et en écho aux félicitations du gouvernement algérien par l'administration Bush - pour ses efforts déployés en matière de lutte antiterroriste. Mais à la répression venue d'en haut, se mêle, celle, tout aussi redoutable, des mafias et administrations locales. Ce pouvoir protéiforme, rassemblant notables, chefs des milices, hommes d'affaires véreux et membres des services de sécurité, a prospéré pendant les années de guerre civile au point d'installer de véritables féodalités ; toute enquête visant ses intérêts se heurte désormais à une répression brutale.
Trois des quatre journalistes incarcérés le sont suite à des dénonciations de scandales et affaires de corruption visant les élites locales. La protection toute relative dont peuvent jouir les journalistes algérois masque à ce sujet l'extrême précarité des correspondants locaux et autres pigistes, livrés à eux-mêmes face à l'arbitraire de pouvoirs "régionaux" qui ne s'embarrassent pas toujours de se doter d'un vernis judiciaire, dès lors qu'il s'agit de réduire au silence un "gêneur". Menaces et agressions physiques sont le lot des journalites, et parfois, la mort au bout du chemin, comme ce fut le cas pour le correspondant de la ville de Tebessa du journal d'El Watan, Abdelhai Beliardouh, suicidé l'année dernière après avoir été enlevé, séquestré et agressé par des fonctionnaires territoriaux et les nervis du président de la chambre de commerce locale, qu'il avait mis en cause dans une affaire de blanchiment d'argent.
L'offensive contre la presse, la répression quotidienne des mouvements de révolte de jeunes et de chômeurs, combinées à l'aggravation de la pauvreté viennent contrebalancer l'image idyllique que cherche à renvoyer le régime algérien à l'opinion internationale, en se targuant d'avoir pacifié le pays et réinstallé un processus démocratique. Entre mafias, misère et institutions vérolées, l'Algérie reste plus que jamais un Etat de non-droit, cautionné par de puissants amis (France et Etats-Unis en tête).
Madjid Almaty
- Pour toute information :
Rouge 2072 08/07/2004