Après la publicationd'un article et de photos accusant un moine copte de débauche,des milliers d'entre eux ont manifesté en Haute-Egypteet au Caire.
Le mercredi 20 juin au soir,plusieurs camions de la Sûreté centrale (CRS) encerclaientencore la cathédrale d'Abassiya au Caire. Des CRS étaientmême juchés sur le toit et l'enceinte de la cathédrale.Depuis le dimanche 17 juin, des manifestations de coptes en colèreavaient en effet éclaté un peu partout, mais surtoutà Asiout en Haute-Egypte (10000 manifestants et des blessésaprès la répression policière) et àla cathédrale d'Abassiyya au Caire. La publication, dansl'hebdomadaire "Al-Nabaa", de 3 photos (même sielles étaient floues) en couverture représentantun homme - un moine d'Asiout, d'après l'Eglise expulsédes ordres - dans une position compromettante avec une femme nue,et un article l'accusant de s'être "adonné àla débauche" dans l'enceinte même du monastèrede Deir Al-Mohareq, vénéré par la communautécopte en Egypte, avaient mis le feu aux poudres.
Depuis, la situation s'est calmée, même àAsiout. Il faut dire que le pouvoir y a mis les moyens: le papeChenouda III est intervenu à la télévisionen appelant ses fidèles "à la retenue",et le président Moubarak lui-même a fait allusionà l'affaire dans son dernier discours, en parlant de "lanécessité de préserver l'unité dela Nation". Le propriétaire du journal, Mamdouh Mahran,a été exclu, avec son fils, du syndicat des journalisteset a été traduit en justice le 24 juin devant letribunal correctionnel de la Sûreté d'Etat. La séancea été agitée, le tribunal étant encerclépar des camions de la Sûreté centrale, et un pugilata eu lieu à l'intérieur de la salle d'audience entreles avocats de Mahrane et ceux de l'Eglise (qui s'est constituéepartie civile). Verdict: report de l'affaire d'une semaine, cequi est assez rapide.
La forme, l'ampleur et la rapidité de la riposte des coptes(près de 10% de la population) étaient certainementinattendues et sans doute sans précédent. En revanche,le caractère de ce qui pourrait être une provocationressemble à d'autres affaires qui font la "une"des journaux en ce moment. Entre autres, celle de Nawal Al-Saadawi,écrivaine et féministe, accusée d'apostasie,qui doit faire face à un appel déposé enjustice pour divorcer de son mari. L'affaire égalementde 55 jeunes accusés d'appartenir à des groupesidolâtrant le diable, en fait vraisemblablement arrêtéspour homosexualité. Bref, des affaires de "moeurs"qui n'ont pas déclenché la solidarité nécessaireavec les victimes de ces cabales. Le meeting de solidaritéavec Nawal Al-Saadawi rassemblait difficilement 100 personnes,et les 55 jeunes arrêtés depuis plus d'un mois onteu beaucoup de mal à trouver un avocat qui accepte de lesdéfendre, même parmi les organisations des droitsde l'Homme et même s'ils doivent comparaître devantune cour de la Sûreté d'Etat (!).
En tout cas, il est certain que voir l'opinion publique occupéepar ces affaires arrange bien un gouvernement qui, lui, est plutôtpréoccupé par la meilleure façon d'appliquerdes lois qu'il hésite à faire passer depuis desannées. Comme la "Loi unifiée du travail",qui casse tous les acquis en termes de réglementation dutravail, ou le système de la retraite anticipée,qui n'est qu'une façon détournée de licencierles ouvriers du secteur public.
Si le pouvoir hésite, ce n'est pas simplement parce qu'ila à sa tête des bureaucrates incompétents,c'est aussi parce qu'il a peur. Et il a raison d'avoir peur. Eneffet, même si le mouvement ouvrier est dans un étatd'apathie effrayant, les dernières manifestations des coptesmontrent que le ras-le-bol est généraliséet que n'importe quel prétexte peut provoquer une explosionelle aussi généralisée.
Au Caire, LaylaBadawi
Le mercredi 20 juin au soir,plusieurs camions de la Sûreté centrale (CRS) encerclaientencore la cathédrale d'Abassiya au Caire. Des CRS étaientmême juchés sur le toit et l'enceinte de la cathédrale.Depuis le dimanche 17 juin, des manifestations de coptes en colèreavaient en effet éclaté un peu partout, mais surtoutà Asiout en Haute-Egypte (10000 manifestants et des blessésaprès la répression policière) et àla cathédrale d'Abassiyya au Caire. La publication, dansl'hebdomadaire "Al-Nabaa", de 3 photos (même sielles étaient floues) en couverture représentantun homme - un moine d'Asiout, d'après l'Eglise expulsédes ordres - dans une position compromettante avec une femme nue,et un article l'accusant de s'être "adonné àla débauche" dans l'enceinte même du monastèrede Deir Al-Mohareq, vénéré par la communautécopte en Egypte, avaient mis le feu aux poudres.
Depuis, la situation s'est calmée, même àAsiout. Il faut dire que le pouvoir y a mis les moyens: le papeChenouda III est intervenu à la télévisionen appelant ses fidèles "à la retenue",et le président Moubarak lui-même a fait allusionà l'affaire dans son dernier discours, en parlant de "lanécessité de préserver l'unité dela Nation". Le propriétaire du journal, Mamdouh Mahran,a été exclu, avec son fils, du syndicat des journalisteset a été traduit en justice le 24 juin devant letribunal correctionnel de la Sûreté d'Etat. La séancea été agitée, le tribunal étant encerclépar des camions de la Sûreté centrale, et un pugilata eu lieu à l'intérieur de la salle d'audience entreles avocats de Mahrane et ceux de l'Eglise (qui s'est constituéepartie civile). Verdict: report de l'affaire d'une semaine, cequi est assez rapide.
La forme, l'ampleur et la rapidité de la riposte des coptes(près de 10% de la population) étaient certainementinattendues et sans doute sans précédent. En revanche,le caractère de ce qui pourrait être une provocationressemble à d'autres affaires qui font la "une"des journaux en ce moment. Entre autres, celle de Nawal Al-Saadawi,écrivaine et féministe, accusée d'apostasie,qui doit faire face à un appel déposé enjustice pour divorcer de son mari. L'affaire égalementde 55 jeunes accusés d'appartenir à des groupesidolâtrant le diable, en fait vraisemblablement arrêtéspour homosexualité. Bref, des affaires de "moeurs"qui n'ont pas déclenché la solidarité nécessaireavec les victimes de ces cabales. Le meeting de solidaritéavec Nawal Al-Saadawi rassemblait difficilement 100 personnes,et les 55 jeunes arrêtés depuis plus d'un mois onteu beaucoup de mal à trouver un avocat qui accepte de lesdéfendre, même parmi les organisations des droitsde l'Homme et même s'ils doivent comparaître devantune cour de la Sûreté d'Etat (!).
En tout cas, il est certain que voir l'opinion publique occupéepar ces affaires arrange bien un gouvernement qui, lui, est plutôtpréoccupé par la meilleure façon d'appliquerdes lois qu'il hésite à faire passer depuis desannées. Comme la "Loi unifiée du travail",qui casse tous les acquis en termes de réglementation dutravail, ou le système de la retraite anticipée,qui n'est qu'une façon détournée de licencierles ouvriers du secteur public.
Si le pouvoir hésite, ce n'est pas simplement parce qu'ila à sa tête des bureaucrates incompétents,c'est aussi parce qu'il a peur. Et il a raison d'avoir peur. Eneffet, même si le mouvement ouvrier est dans un étatd'apathie effrayant, les dernières manifestations des coptesmontrent que le ras-le-bol est généraliséet que n'importe quel prétexte peut provoquer une explosionelle aussi généralisée.
Au Caire, LaylaBadawi