Pour le chanteur de reggae ivoirien, Alpha Blondy, "Tous les ingrédients sont réunis pour un scénario à la rwandaise en Côte-d'Ivoire". Des propos malheureusement lucides. Face à une mutinerie militaire, le président ivoirien Gbagbo a puisé dans le registre xénophobe et ethniste, appelant au "nettoyage des quartiers précaires" contre les populations originaires du Nord. Le même registre utilisé hier afin d'empêcher, au nom d'une "ivoirité douteuse", l'opposant Ouattara d'être candidat, ou pour justifier des massacres ethniques commis par la gendarmerie.
L'"ethnicisation" de la vie politique et la "clanisation" de l'armée ont été entretenues, depuis dix ans, par les successeurs d'Houphouët-Boigny, de Konan Bédié à Laurent Gbagbo, qu'ils soient soutenus par le camp chiraquien ou par le PS français. Dans ce pays, mosaïque de peuples rassemblés dans les frontières arbitraires dessinées par la colonisation, et où 30 % de la population sont d'origine étrangère, c'est un poison mortel: l'arme ultime des régimes qui veulent se maintenir au pouvoir sans légitimité démocratique, devenus serviteurs des puissants qui profitent de la mondialisation libérale et du pillage des matières premières. Le cacao, principale ressource, est désormais aux mains de multinationales qui jettent les petits producteurs dans le dénuement. Les entreprises françaises contrôlent les secteurs vitaux: Bouygues, l'eau et l'électricité, Bolloré, les plantations, France Télécom, le téléphone, la SNCF, le chemin de fer.
L'avenir dira quels sont les objectifs véritables de l'envoi de 1 000 soldats français: pour défendre un Gbagbo désormais adoubé par la chiraquie, ou pour le soutenir comme la corde soutient le pendu, en attendant que l'Elysée impose son favori au milieu du chaos ? Il est certain que si Chirac renoue avec l'interventionnisme militaire direct, soutenu par les Etats-Unis, ce n'est pas pour protéger les populations ivoiriennes des apprentis sorciers au pouvoir à Abidjan. La France a déjà à son actif le soutien aux régimes qui organisèrent un génocide au Rwanda ou des massacres de masse au Congo-Brazzaville. Elle doit retirer ses troupes de Côte-d'Ivoire.
Alain Mathieu.
L'"ethnicisation" de la vie politique et la "clanisation" de l'armée ont été entretenues, depuis dix ans, par les successeurs d'Houphouët-Boigny, de Konan Bédié à Laurent Gbagbo, qu'ils soient soutenus par le camp chiraquien ou par le PS français. Dans ce pays, mosaïque de peuples rassemblés dans les frontières arbitraires dessinées par la colonisation, et où 30 % de la population sont d'origine étrangère, c'est un poison mortel: l'arme ultime des régimes qui veulent se maintenir au pouvoir sans légitimité démocratique, devenus serviteurs des puissants qui profitent de la mondialisation libérale et du pillage des matières premières. Le cacao, principale ressource, est désormais aux mains de multinationales qui jettent les petits producteurs dans le dénuement. Les entreprises françaises contrôlent les secteurs vitaux: Bouygues, l'eau et l'électricité, Bolloré, les plantations, France Télécom, le téléphone, la SNCF, le chemin de fer.
L'avenir dira quels sont les objectifs véritables de l'envoi de 1 000 soldats français: pour défendre un Gbagbo désormais adoubé par la chiraquie, ou pour le soutenir comme la corde soutient le pendu, en attendant que l'Elysée impose son favori au milieu du chaos ? Il est certain que si Chirac renoue avec l'interventionnisme militaire direct, soutenu par les Etats-Unis, ce n'est pas pour protéger les populations ivoiriennes des apprentis sorciers au pouvoir à Abidjan. La France a déjà à son actif le soutien aux régimes qui organisèrent un génocide au Rwanda ou des massacres de masse au Congo-Brazzaville. Elle doit retirer ses troupes de Côte-d'Ivoire.
Alain Mathieu.
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